Apocalypse. Hier et demain

(Jusqu’au 8 juin 2025)
Apocalypse, du grec apokálupsis, signifie « la révélation », nous apprend-on au seuil de l’exposition. Son acception moderne désignant une catastrophe ou une destruction constitue ainsi une catachrèse. Bien que le récit de saint Jean énonce en sept actes le déferlement de fléaux sur l’humanité, l’Apocalypse annonce surtout l’avènement d’un ordre nouveau. En convoquant les notions manichéennes de Bien et de Mal, il demeure l’un des récits symboliques « de l’épreuve et de l’espérance ».
L’exposition s’ouvre sur un premier volet articulé autour des sept sceaux de l’Apocalypse. La présence d’une pléthore de manuscrits médiévaux apporte un éclairage sur les illustrations, issues du registre fantastique, notamment à travers des symboles animaliers comme le dragon ou le lion. L’espace dédié au Beatus de Saint-Sever, considéré comme la plus spectaculaire représentation de ce récit au XIe siècle, vaut le détour.
Outre ce chef‑d’œuvre d’enluminures, que l’on peut observer sous une vitrine protectrice, un dispositif numérique permet de feuilleter un fac-similé enrichi de traductions et animations des figures mystiques du manuscrit.
La seconde séquence de l’exposition présente l’influence pérenne de l’Apocalypse dans l’art, transcendant les époques et les courants artistiques. On découvre les dessins abstraits d’Henri Michaux et l’œuvre radiophonique d’Antonin Artaud, « Pour en finir avec le jugement de Dieu », censurée avant sa première diffusion en 1948. Par la suite, le récit trouve un écho dans les luttes sanguinaires du XIXe siècle. Francisco de Goya s’en inspire dans la suite de gravures Les Désastres de la guerre, oscillant entre réalisme et fantastique macabres.
Dans un registre plus symboliste, Odilon Redon s’appuie sur la vision manichéenne de l’Apocalypse à travers douze lithographies sur papier vélin. Enfin, les traumatismes des deux guerres mondiales marqueront au fer rouge le milieu artistique du XXe siècle, influencé par le texte biblique, et dont Otto Dix se ferait le porte-étendard. On découvre ainsi la peinture de Fleury Joseph Crépin, plombier de première profession, qui réalisa 300 œuvres après qu’un appel spirituel le lui intima, en 1939, pour que cessent les combats. L’exposition s’achève sur plusieurs salles dédiées à l’art contemporain, théâtre de la rencontre entre l’Apocalypse et la menace nucléaire, où résonnent les œuvres de Miriam Cahn et Anne Imhof.
Maider Darricau
Bibliothèque nationale de France
Galeries 1 et 2
Quai François-Mauriac
75706 Paris Cedex 13