Faut-il voyager pour être heureux ?
Jusqu’au 29 janvier 2023 Espace Fondation EDF
6, rue Juliette-Récamier, 75007 Paris
Née d’un commissariat collectif réunissant Nathalie Bazoche de la Fondation EDF, Alexia Fabre, ex-directrice du MAC VAL, et le sociologue Rodolphe Christin, l’exposition propose un traitement original de la thématique du tourisme à travers les travaux de 32 artistes contemporains, français et internationaux. Leurs œuvres confrontent deux grandes conceptions du voyage. D’un côté, les vertus de l’enchantement, de la connaissance, du dialogue et du développement. De l’autre, les ravages de l’empreinte écologique et du consumérisme, tout en mettant en perspective le luxe de se déplacer pour le plaisir quand d’autres le font par survie. En creux, la manifestation entend interroger « les nouveaux imaginaires pour les voyageurs d’aujourd’hui et de demain ».
On retrouvera le photographe britannique Martin Parr, qui a consacré une partie de son œuvre à ridiculiser le tourisme de masse, de Bali à Las Vegas. De leur côté, les plasticiens Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon réagissent à l’homogénéisation des représentations d’un pays comme la France, souvent réduites à quelques monuments, considérant que « lorsqu’une ville ou une région entière se trouve réduite à ses monuments les plus célèbres, le lieu véritable disparaît derrière son propre symbole ». En résulte un contre-pied radical : la création de douze cartes postales où figurent des lieux ordinaires (tunnel, périphérique, abord de supermarché).
L’Américain Mike Brodie, lui, a marché sur les traces des hobos en vagabondant sur près de 80 000 km dans son propre pays. Un périple façon Into the Wild qui redonne à l’errance ses lettres de noblesse.
Autre geste jubilatoire, la pratique du « photobombage » par Émilie Brout et Maxime Marion, passées maîtresses dans l’art de s’incruster sur les selfies de touristes pris devant les monuments iconiques. Elles retrouveront les images sur lesquelles elles apparaissent sur les réseaux sociaux en filtrant les zones géographiques et les heures où elles étaient présentes.
À la question inaugurale, « Faut-il voyager pour être heureux ? », le visiteur ne repartira sans doute pas avec la réponse, mais plus certainement avec le sourire.