Théo Bou­la­kia et Nico­las Mariot

(Ana­mo­sa, 2023, 400 pages, 25 euros)

Le pre­mier « grand confi­ne­ment » du prin­temps 2020 paraît à la fois proche et loin­tain dans nos esprits, mais c’est un fait incon­tes­table qu’il a mar­qué cha­cun d’entre nous sans excep­tion et qu’il s’agit bien d’un phé­no­mène social total au sens de la socio­lo­gie clas­sique. C’est pré­ci­sé­ment pour ana­ly­ser cette expé­rience d’obéissance de masse que les deux auteurs, Théo Bou­la­kia et Nico­las Mariot, se foca­lisent sur l’attestation que nous devions rem­plir pour nos sor­ties, sous la sur­veillance des auto­ri­tés poli­cières pen­dant 55 jours consé­cu­tifs. En se fon­dant sur une enquête inédite à pro­pos du ver­sant coer­ci­tif de cet enfer­me­ment natio­nal (les quelque 21 mil­lions de contrôles pour 1,1 mil­lion d’amendes donnent encore le ver­tige), cet ouvrage per­met de com­prendre en détail la pro­duc­tion du confor­misme (obéir à l’État) et son ancrage social.

Damien Augias