Marée Métal
(Jusqu’au 3 septembre 2023)

Le réalisateur et plasticien français Jacques Perconte expose dans ce Lieu unique, à Nantes. La célèbre usine LU, sur le bord du canal Saint-Félix, a été reconvertie en centre d’arts le 1er janvier 2000. On n’y dénombre pas moins de 100 spectacles, 200 jours d’expositions et 600 000 visiteurs par an. C’est dans ce bâtiment industriel que le pionnier de l’art informatique présente son travail documentaire à travers plusieurs projections. Par le biais de la compression vidéo, il crée des paysages « mouvants et abstraits ».
Désireux de filmer l’impossible, il utilise des moyens de transport peu communs tels que les water taxy, pour capter le mouvement des vagues au large de Rotterdam. En 2020, il s’est lancé le défi de filmer le mont Blanc ; il en ressort une étonnante succession de « bugs » – un art 2.0, où les pixels sont longuement retravaillés. Chez Jacques Perconte, le flou artistique est une technique soigneusement réfléchie et une nouvelle façon de lire les paysages.
« Depuis le début, j’ai cette idée de travailler sur le voyage de la lumière à travers la matière. » Une passion pour la caméra née à l’âge de 12 ans, qui ne le quittera jamais. Il réalise en 1997 une monobande, « NCORPS 1.0 », avec le premier ordinateur de la faculté d’arts plastiques où il est étudiant à Bordeaux. Une pratique détournée des images qui lui vaut la reconnaissance des cinéastes Leos Carax et Jean-Luc Godard. « Je pense que j’ai toujours voulu être peintre et que je voulais trouver ma technique. Ce n’est pas vraiment de la peinture, c’est du cinéma, mais peut-être que je suis peintre ». Un travail minutieux, pour lequel trois secondes de film peuvent représenter une semaine de labeur.
Si la technologie est au cœur de son art, Jacques Perconte est avant tout un artiste soucieux de politiser son travail, et profondément écologiste. « Si nous nous sommes séparés intentionnellement du vivant et de la matière, je crois qu’il faut maintenant faire preuve d’humilité et nous rassembler. Nous savons bien que, physiquement, tout est fait des mêmes éléments : plasma, gaz, liquide, solide, métal, minéral, végétal, animal ; la seule chose qui varie c’est l’intensité du chaos. »
Maider Darricau
Le Lieu unique
Rue de la Biscuiterie
Quai Ferdinand-Favre, 44000 Nantes