Megalopolis, une fable

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Megalopolis, une fable

 

Fran­cis Ford Coppola
Le Pacte, sor­tie le 25 sep­tembre 2024

Bien­ve­nue à New Rome, une méga­lo­pole en pleine déli­ques­cence où un savant fou et un maire conser­va­teur, César Cati­li­na et Frank­lyn Cice­ro, se livrent une guerre sans mer­ci. Une Rome états-unienne ? Cop­po­la jus­ti­fie sa com­pa­rai­son. « Je me disais que cha­cun sait que l’Amérique est la réin­car­na­tion moderne de la Répu­blique romaine, car nos pères fon­da­teurs ne vou­laient pas d’un roi, mais s’inspiraient plu­tôt du modèle répu­bli­cain de la Rome antique. » Il s’inspire de la conju­ra­tion de Cati­li­na, com­plot poli­tique qui se dérou­la à Rome, en 63 av. J.-C., lorsque le séna­teur Lucius Ser­gius Cati­li­na ten­ta de ren­ver­ser le pou­voir. 

Dans cette épo­pée romaine, dont la genèse prend forme dès les années 1980 dans l’esprit de Cop­po­la, s’entremêlent des riva­li­tés fami­liales et poli­tiques, tan­dis qu’une plèbe cari­ca­tu­rale crou­pit der­rière des grillages. Au sein de cet uni­vers dys­to­pique entre le baroque et le futu­risme, Cop­po­la intègre une his­toire d’amour des plus banales. Julia Cice­ro, la fille du maire, et son rival, Cati­li­na. 

On com­prend dif­fi­ci­le­ment l’enchaînement des scènes, l’intrigue ne prend pas. Le spec­ta­teur peut au moins s’émerveiller des décors ver­ti­gi­neux : Cop­po­la a bien fait de tour­ner sur les pla­teaux der­niers cris d’Atlanta, en Géor­gie. À l’épicentre de cette his­toire, il y a donc le pro­jet Mega­lo­po­lis por­té par César Cati­li­na. Ici, pas de « ville du quart d’heure », mais plu­tôt des cinq minutes, où le temps peut s’arrêter grâce au génie de son démiurge. Ce quar­tier futu­riste au cœur de la ville se rêve uto­pique et éga­li­taire, mais néces­site tou­te­fois un finan­ce­ment colos­sal auquel se refuse l’édile. À quelques élu­cu­bra­tions près, on croi­rait, par sa déme­sure, voir le pro­jet de ville intel­li­gente saou­dienne The Line.

Que cherche le réa­li­sa­teur ? Du point de vue des bâtis­seurs de la ville, on pour­rait pen­ser à une cri­tique des pro­jets pha­rao­niques et inutiles cen­sés asseoir la gran­deur d’une nation. S’il y a der­rière ce film une condam­na­tion des grands pro­grammes d’aménagement ultra-tech­no­lo­giques, on peine, en tout cas, à le per­ce­voir en tant que spectateur.

Il faut le dire, le pro­jet ne semble qu’être l’arrière-plan de cette his­toire d’amour qui fini­ra par récon­ci­lier les deux anta­go­nistes. L’histoire étant bien faite, Cati­li­na pour­ra comp­ter sur son riche aïeul, pour finan­cer le pro­jet de toute une vie – à l’instar de ce film, qui déçoit par son gro­tesque, une vision archaïque de la femme, et son cata­logue de cita­tions de Marc Aurèle.

Mai­der Darricau

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