Réparer et construire la ville. Pour un renouvellement de l’offre en logement
Nicolas Binet et Gwenaëlle d’Aboville
(Éditions Le Moniteur, 2024, 192 pages, 24 euros)
Mieux que son titre, une citation de François Leclercq, dans sa préface, pose l’équation que ce livre a l’ambition sinon de résoudre, au moins d’éclairer : comment permettre un renouvellement de l’offre en logement, alors que « la ville intensive est désormais contestée et la ville extensive bientôt interdite » ? Les deux premières parties s’attellent à bien cerner les données de base : la première, consacrée aux enjeux sociaux et économiques, revient sur les potentiels du « déjà-là » à deux échelles, celle des centres-villes (désaffection) et celle du parc immobilier (vacance) ; tandis que la seconde partie nous plonge dans trois contextes aux trajectoires contrastées comme autant d’hypothèses pour une démonstration empirique (Marseille, Toulon, Saint-Denis).
Dans la suite de l’ouvrage, les auteurs s’engagent dans le dur de la formulation d’enjeux clés : d’abord réparer la modernité ou comment composer avec le patrimoine du XXe siècle à l’aune des débats actuels entre (fin des) démolitions et (nouveaux modèles économiques pour les) rénovations ; puis se risquer à construire aujourd’hui, du point de vue des opérateurs (bailleurs et promoteurs) et des concepteurs. Soutenu par le Club Ville Aménagement, nourri des réflexions des groupes de travail de l’association qui réunit tous les aménageurs (EPA, EPL, privés, etc.), il s’adresse en priorité aux professionnels de la fabrication des villes confrontés aux enjeux les plus opérationnels.
Le « tissage » entre reportages de terrain et témoignages d’acteurs éclaire très efficacement les problématiques contemporaines, à la lumière des bons retours d’expérience et bonnes postures institutionnelles et professionnelles. Mais il rappelle aussi dans sa conclusion que sans cesse l’ouvrage doit être remis sur le métier pour apporter les meilleures réponses à des conjonctures et contextes en perpétuelles évolutions. Et, qu’en la matière, plus de vision et d’anticipation serait bienvenu : pour suivre les trajectoires démographiques et les évolutions prévisibles de la demande en logement, et pour mobiliser les qualités et fonctionnalités encore insoupçonnées des centres-villes.
Julien Meyrignac