We Are Here
(Jusqu’au 17 novembre 2024)
Si la capitale n’est pas avare en expositions d’art urbain, c’est la première fois que le Petit Palais – institution publique – se prête au jeu, avec pour intention de faire dialoguer les œuvres de la rue et celles de sa collection permanente, mais aussi avec l’architecture des lieux. En effet, les quelque 200 œuvres sont ici exposées dans une seule et même salle (la salle Concorde), avec comme inspiration le concept de « Salon des Refusés », cette annexe au Salon de peinture et de sculpture qui, au XIXe siècle, laissait une deuxième chance aux œuvres recalées de la manifestation officielle, car jugées « non académiques ».
Un qualificatif qui sied bien à Shepard Fairey (alias Obey), Invader, D*Face, Seth, Cleon Peterson, Hush, Swoon, Vhils…, Inti, Add Fuel ou encore Conor Harrington. « Les artistes dont les œuvres couvrent les murs du sol au plafond défient, en effet, les normes établies et les barrières des institutions officielles, déclarent les organisateurs de l’exposition. Ils imposent les nouveaux codes artistiques, en perpétuel mouvement, qui se déploient de manière organique et exponentielle sur les murs des villes à travers le monde, repoussant sans cesse les limites de leur pratique. »
Pour Mehdi Ben Cheikh, directeur de la Galerie Itinerrance et commissaire de l’exposition avec Annick Lemoine, directrice du Petit Palais, l’évènement entend ainsi rappeler le rôle de la ville lumière dans l’émergence de l’avant-garde artistique : « Depuis plusieurs années, Paris renoue avec son essence et réaffirme son rôle précurseur dans la création, en faisant émerger et propulser un mouvement artistique des plus audacieux. » Quant au nom de l’expo, « We Are Here », il sonne autant comme une déclaration selon laquelle Paris écrit à nouveau l’histoire « ici et maintenant », que comme un slogan porteur de revendications et d’agitation. Et de l’agitation, vous en aurez lorsque, parcourant les espaces majestueux du Petit Palais, ses hautes fenêtres et ses parquets en point de Hongrie, vous tomberez sur un Space Invaders au milieu de tableaux impressionnistes, ou quand, parmi des Romantiques, vous trouverez une « Marianne » d’Obey et une sculpture de Conor Harrington.
Rodolphe Casso
Petit Palais
Avenue Winston-Churchill, 75008 Paris
www.petitpalais.paris.fr