Yasuhiro Ishimoto
(Jusqu’au 17 novembre 2024)
Dans cette ancienne salle de bal réinvestie d’où il tire son nom, ce lieu d’exposition dédié à l’image contemporaine a été créé en 2010 par Raymond Depardon et Diane Dufour. Jusqu’en novembre, il met à l’honneur le photographe japonais Yasuhiro Ishimoto, décédé en 2012. Né à San Francisco en 1921 dans une famille d’agriculteurs, il quitte le sol états-unien à 3 ans, pour rejoindre la région de Kochi, au Japon. En 1939, il part étudier l’architecture à Chicago et montre déjà une appétence particulière pour cette discipline qui imprégnera son œuvre photographique. Après l’attaque de Pearl Harbor, il est interné de 1942 à 1944 dans le camp d’Amache, dans le Colorado, aux côtés d’autres Nippo-Américains.
En 1948, le jeune Yasuhiro entre à l’Institute of Design de Chicago, une étape cruciale dans sa vie, dévoile Diane Dufour en introduction du livre de l’exposition. « Ishimoto incarne la première génération de photographes de l’École de Chicago, marquée par la double influence d’Harry Callahan et Aaron Siskind. » Il apprend les caractéristiques du New Bauhaus qu’il qualifie d’« inorthodoxe » et pratique le dessin des heures durant avant d’être autorisé à sortir son appareil et s’évader dans les rues de la ville. Il suit les préceptes de son école et capte « la beauté révélée de l’objet quotidien et la quête d’une poétique de la modernité ». Attiré par ses deux nations, il rejoint les terres nippones en 1953, où il rencontre un succès extraordinaire, notamment grâce à ses tirages de la Villa impériale Katsura, une ancienne résidence princière de la famille Hachijo datant du XVIIe siècle, à Kyoto.
Ces clichés sont qualifiés d’« onde de choc dans le monde de la photographie ». Yasuhiro Ishimoto retrouve au Japon la régularité des bâtiments et des rues de la ville de l’Illinois. « C’est en contemplant la pure géométrie des bâtiments de Mies van der Rohe à Chicago que s’était révélée ma vocation. Quelle émotion de retrouver dans l’architecture classique de mon pays d’origine non seulement des rappels de l’architecture moderniste, mais sa source même. » Sa double culture en fait un artiste prisé qui connaît son heure de gloire dans les années 1950 et 1960, « visuellement bilingue par sa capacité à allier l’approche formelle du New Bauhaus à la quintessence de l’esthétique japonaise ». Découvrez 169 tirages de l’artiste, entre portraits, scènes de rue et bâtiments sublimés.
Maider Darricau
Le Bal
6, impasse de la Défense
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