
Sara Fantova
La Fidèle Studios, en salle le 17 décembre
Au cœur de la capitale basque en effervescence durant la Semana Grande, la Marijaia surgit, immense pantin aux bras triomphants et incarnation mythique de la femme basque. Bilbao s’éveille alors, vibrante et magnifiée, portée par les danses traditionnelles comme le fandango et une profusion de rites ancestraux où se mêlent passion et mémoire. Un décor idéal pour y tourner son premier film, raconte Sara Fantova : « J’ai toujours vécu les fêtes de Bilbao et je trouve qu’il s’y passe quelque chose de très spécial : la ville change complètement. »
Jone, 20 ans, orpheline de mère, partage son existence avec un père récemment accablé par l’inexorable progression de la maladie de Parkinson, et une jeune sœur. Son quotidien fragile oscille entre l’appréhension sourde des premiers symptômes et les soirées enivrantes aux côtés de ses amies, où elle rencontre Olga, bilbaína d’origine et madrilène d’adoption, dont elle s’éprend avec une intensité naissante.
La ville se dévoile sous des facettes multiples et dissonantes. Notons d’abord l’absence à l’écran du musée qui a contribué à sa renaissance et sa renommée : le Guggenheim, conçu par le « starchitecte » Frank Gehry.
Les scènes de fête nocturne explosent de joie populaire, sans jamais basculer dans l’angoisse qui transforme parfois la liesse en hostilité. « Ce contexte réel nous a offert des décors authentiques et une énergie impossible à recréer artificiellement », se réjouit la réalisatrice.
En contrepoint, il y a les marches solitaires de Jone à travers une ville presque fantomatique, ponctuées de visions de ce jeune père devenu un homme endeuillé et rongé par un mal insidieux. L’idée est née de la lecture des journaux du père de la réalisatrice, un processus créatif intégré dans le film, qui lui permet d’aborder avec délicatesse le passage de l’inversion des rôles – de l’enfant à l’aidant.
Si la tristesse demeure palpable, elle laisse pourtant filtrer une lueur de joie – celle d’un amour fugace, d’amitiés sincères et d’une unité familiale, qui partage des instants de bonheur, enfin, ose affronter l’inévitable question du choix de la fin de vie.
À travers des dialogues mêlant l’euskera et l’espagnol, cette fiction, qui emprunte les codes du documentaire, offre un subtil équilibre entre l’exaltation collective de la fête et une introspection silencieuse.
Maider Darricau





