Autour de minuit – Épisode 1
Aurélie Sfez
Arte, disponible en replay sur YouTube
Loin des clichés d’une « ville sinistrée » (selon Les Inrockuptibles) ou d’un territoire où les « Blancs » seraient perçus comme des « intrus » (d’après Valeurs actuelles), le premier épisode de la série Autour de minuit propose un regard bien plus nuancé et sensible sur Roubaix. Diffusée en direct sur YouTube et Twitch, cette série documentaire explore, pendant six épisodes, une ville moyenne à la tombée de la nuit.
Dans ce premier volet, la journaliste Aurélie Sfez part à la rencontre de celles et ceux qui vivent et travaillent quand le jour s’efface, dessinant peu à peu une autre image de la ville. À ses côtés, le vidéaste et créateur de contenus lillois, Basti UI, assure une animation en direct : il commente les scènes, interagit avec les spectateurs via le chat, et crée ainsi une proximité qui donne à l’émission un ton à la fois spontané et vivant. Trois moments d’échange avec le public viennent rythmer la diffusion. Grâce à la présence d’une illustratrice, ces séquences permettent de composer en direct une carte sensible de Roubaix. Ce support graphique retrace l’itinéraire parcouru et les figures rencontrées, en leur associant une illustration choisie de manière commune par les spectateurs. Veilleur de nuit, aide-soignante, gérant de salle de parkour, rappeur, vigile de boîte de nuit…, autant de personnages que de lieux marquants – comme cet hallucinant ancien couvent réhabilité en espace culturel –, mais aussi de visions contrastées et touchantes de la nuit. Certains évoquent une nuit parfois « un peu rock’n’roll », d’autres soulignent « sa douceur ou son calme inattendu » ou encore « les rencontres qu’on peut y faire »… Certains encore se laissent porter par leurs inspirations nocturnes : « Ce qui se passe la nuit, le jour ne le sait pas. » Autour de minuit est avant tout une expérience immersive qui raconte les villes autrement, pas seulement comme le décor de la fête, mais bien comme un espace social vivant et multiple. Accompagné d’une incroyable musique d’ambiance jouée en direct par Julien Perez, le dispositif crée une atmosphère cinématographique enveloppante.
Malgré quelques soucis techniques – presque inévitables dans un tel format en direct –, ce premier épisode séduit par son ton singulier, la qualité de ses rencontres et de sa production, ainsi que sa capacité à se saisir des codes de la diffusion en direct pour les appliquer au documentaire urbain.
Lucas Boudier