Jean-Arnault Dérens et Benoît Goffin (dir.), Julien Rodriguez (ill.)

(ENS Éditions, coll. « Odyssée, villes-portraits », 2024, 22 euros, 160 pages)

La collection « Odyssée, villes-portraits », dirigée par Nicolas Escach et Benoît Goffin aux Éditions ENS de Lyon, propose des parcours originaux et sensibles, centrés sur la découverte de dix villes reliées par le fil continu du mouvement.

Ainsi, après l’Atlantique (2021), de Dublin à Saint-Jacques-de-Compostelle, puis un parcours De la Baltique à la mer Noire (2021), de Saint-Pétersbourg à Tbilissi, et une odyssée en Arctique (2023), de Qassiarsuk à Rovaniemi, le dernier opus, édité par Jean-Arnault Dérens et Benoît Goffin, dévoile l’espace urbain des Balkans.

Cette traversée urbaine déroule une grande boucle qui part de Vienne, haut lieu des diasporas balkaniques, franchit les Alpes vers Zagreb, file sur l’autoroute de la fraternité pour Belgrade, poursuit plein sud, destination Skopje, atteint, à travers les montagnes et vallées, Pristina, puis Novi Pazar, rejoint Cetinje par l’autoroute chinoise, longe les méandres du lac de Scutari pour arriver à Tirana, remonte vers Mostar, pour frapper ensuite aux portes de l’Europe Schengen, à Bihać, destination finale du livre.

Le graphisme de Julien Rodriguez donne vie aux trames urbaines, assure intelligemment les transitions d’une ville à l’autre, offrant à l’ouvrage une cohérence graphique très réussie. Les éditeurs réunissent pour ce périple une belle brochette d’experts – collaborateurs actuels ou passés du Courrier des Balkans –, proposant des regards, certes exogènes, mais familiers de l’espace post-yougoslave.

Les brèves notices biographiques intégrées sont raccordées à trois espaces urbains significatifs. Elles introduisent les portraits urbains que l’on découvre accompagné d’un ou d’une guide nous livrant sa lecture et son expérience de la ville. Cet aspect autobiographique octroie aux textes un ancrage dans le vécu qui dynamise une écriture soutenue, procurant à Balkans un bel équilibre. Les différents récits fournissent les principales balises d’une histoire complexe, permettant au lecteur de s’approprier un espace et une histoire trop souvent présentés comme hors d’atteinte.

« Odyssée, villes-portraits » réussit son pari de renouveler le genre du guide et nous laisse avec une farouche envie de poursuivre plus avant l’exploration de l’espace urbain balkanique, loin des clichés et préjugés.

Christophe Solioz