
José Luis Guerín
Perspective Films, en salle le 17 décembre
C’est un quartier de Barcelone à l’exact opposé de la foule touristique et de l’urbanité excessive – une bastide médiévale entourée d’une biodiversité riche, nichée dans la montagne catalane, entre les routes rapides et la rivière.
Vallbona est un endroit unique que le documentariste catalan José Luis Guerín a parcouru, caméra Super 8 à la main. Au micro de Javier Guerra, assistant réalisateur, il décrit : « À Vallbona, on a trouvé des rues non asphaltées, des faubourgs mêlés à des blocs de linge suspendu, des gamins qui jouaient ou se baignaient dans le ruisseau. C’était des scènes qui me ramenaient aux années soixante ou soixante-dix, justement l’époque où j’ai commencé à filmer en Super 8. » Le cinéaste, fidèle à l’argentique, continue d’éviter le numérique, privilégiant l’intimité brute offerte par cette technologie d’un autre temps, dépourvue de colorimétrie.
Ce documentaire invite à s’immerger pleinement avec le réalisateur. On s’y abandonne volontairement, porté par les images d’archives, les témoignages et les séquences festives qui se succèdent. Peu de descriptions, une ouverture à l’interprétation : ce quotidien – entre habitat informel et jardin ouvrier – se révèle par sa solidarité et les liens qui s’y tissent. Car Vallbona est avant tout une terre d’accueil et la mémoire vivante des migrations du Sud, de la paysannerie, de ces liens à la nature et au sol, qui dénotent avec l’exploitation moderne.
Le documentaire est scénarisé ; les habitants ont passé un casting pour incarner leur propre quartier : « Dans le choix des personnages, bien sûr, il y a la considération de l’éloquence […] Le goût du personnage qui vibre chez certaines personnes : leur manière de parler, de regarder, de bouger. Et en même temps, les présences choisies devaient incarner la morphologie sociale et humaine du quartier. »
S’entremêlent communion populaire, où s’évoquent les ressemblances familiales et les liens au-delà du sang, et des séquences plus douloureuses marquées par le deuil et les vies cassées, à l’instar du personnage d’Antonio, ancien vendeur de charbon.
Histoires de la bonne vallée a obtenu le prix spécial du jury au festival de San Sebastián ; vingt-quatre ans plus tôt, José Luis Guerín avait déjà reçu la même distinction pour En construcción, documentaire humaniste multiprimé sur la réhabilitation du Barrio Chino de Barcelone.
Maider Darricau





