Le Creux de l’Enfer
Usine du Creux de l’Enfer. Photo : Vincent Blesbois
83–85, avenue Joseph-Claussat
63300 Thiers
www.creuxdelenfer.fr
C’est un équipement culturel comme on en voit peu. Tout d’abord pour son nom, qui effraye. Ensuite, pour sa situation géographique : à Thiers (Puy-de-Dôme), au cœur de la « vallée des usines », ainsi que l’on appelle cette route sinueuse qui remonte la rivière Durolle, flanquée d’anciennes usines abandonnées.
Au beau milieu de ce parcours postapocalyptique (qui vaut une visite en soi) se dresse le Creux de l’Enfer, centre d’art contemporain d’intérêt national créé en 1988 dans une ancienne usine de coutellerie. Fermé pendant trois ans pour rénovation, le site vient de rouvrir en juin dernier, avec une programmation sobrement intitulée « Retour en enfer ».
Lorsque, en novembre 2023, nous avions rencontré le maire, Stéphane Rodier, à l’occasion d’un atelier organisé par la Fnau dans le cadre de sa 44e Rencontre à Clermont-Ferrand (lire notre hors-série n° 79, avril 2024), celui-ci nous avait raconté : « Dans les années 1980, les “années Jack Lang“, l’équipe municipale s’est mise au diapason des ambitions culturelles, avec la création de la médiathèque, du musée de la Coutellerie, d’une salle de spectacle et du centre d’art contemporain… »
Pour Thiers, ville paupérisée où sont orientées de nombreuses familles précaires (un quart de ses habitants vit en quartiers prioritaires de la politique de la ville), « l’art est alors utilisé comme un levier d’action ». Et Sophie Auger-Grappin, la directrice du centre d’art, d’ajouter : « Nous avons pour mission de proposer des expositions temporaires pour lesquelles sont souvent produites des œuvres nouvelles. À partir de là, nous menons un travail de médiation avec le public local, les écoles, les associations, etc. »
Mais alors, que nous réserve donc cette nouvelle virée en enfer ? Tout d’abord, l’exposition collective In Vivo (jusqu’au 8 mars 2026), en partenariat avec le programme ¡Viva Villa!, qui fait dialoguer œuvres existantes et nouvelles productions d’artistes émergents ou confirmés. Ensuite, le parcours Ex Situ d’œuvres au fil de l’eau signées Yves Guérin, Michelangelo Pistoletto et Olivier Agid, réhabilité et enrichi d’une nouvelle sculpture de Caroline Mesquita. Mais aussi les passerelles et le Pont de l’Épée de George Trakas, restaurés, qui sont à nouveau accessibles au public. Autant de bonnes raisons pour se retrouver en enfer. Rodolphe Casso