Toutes les couleurs du monde

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Toutes les couleurs du monde

 

Babatunde Apalowo
Optimale Distribution, actuellement en salle

Bambino est chauffeur-livreur à Lagos, la capitale du Nigeria. Il mène une existence plutôt tranquille entre son appartement et les sorties au bar PMU, où il fait la rencontre d’un jeune homme, Bawa. Rapidement, il se lie d’amitié avec le propriétaire des lieux. Dans son environnement solitaire, représenté par la froideur de son appartement sommaire, Bawa incarne l’ouverture sur un Lagos vivant et attrayant. Le tenancier qui se rêve photographe, invite Bambino à le suivre dans ses pérégrinations dans la nature luxuriante qui entoure la capitale.

Pour filmer Lagos, Babatunde Apalowo se place à hauteur d’habitants, exit donc les plans de drone et mouvements grandiloquents. Il capte la ville à travers le regard de son personnage principal solitaire et rigide, en privilégiant des cadrages fixes. « Mon intention n’était pas d’apprivoiser Lagos, mais de la présenter d’une façon encore jamais vue. »

Au départ, le réalisateur imaginait une ode par la photographie à cette capitale qu’il chérit. Puis, il a été témoin d’un évènement qui a totalement transformé sa vision de Lagos et ses habitants. « J’ai vu un homme se faire lyncher à mort en raison de son orientation sexuelle. Cela m’a profondément choqué et un voile d’ignorance est tombé de mes yeux. » En conservant le prisme de la photographie, il intègre à son scénario une histoire d’amour homosexuelle, dans un pays où cela est passible de quatorze ans d’emprisonnement.

Toutes les couleurs du monde oscille entre la gaieté extérieure et l’austérité de l’intérieur de Bambino, qui semble pris en étau dans cette vie morne. Pourtant, il n’est jamais vraiment seul, constamment dérangé par ses voisins – dont on ne perçoit pas les visages, ce qui renforce ce sentiment de solitude – qui lui quémandent de quoi payer une facture d’électricité ou de la nourriture. Cette ambiance, parfois glauque, est accentuée par un brouhaha continu de cris et klaxons, qui contraste avec la lenteur de film.

Babatunde Apalowo dresse le portrait d’un Nigeria en mutation et aborde les thèmes clivants de la condition des femmes et de l’homosexualité, sur fond de tradition. Le réalisateur dépeint les vices et travers de cette société, dont la solidarité de façade s’effondre devant la violence des agressions homophobes.

Maider Darricau

 

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