David Wnendt
Constantin Film, disponible sur Universciné
Récompensé dans plusieurs festivals et inspiré d’un best-seller outre-Rhin – Sonne und Beton (Soleil et Béton) de l’humoriste populaire Felix Lobrecht – Berlin Boys a fait grand bruit en Allemagne. Le film suit le quotidien – largement inspiré de la vie de l’auteur – de quatre adolescents, Lukas, Gino, Julius et Sanchez, sans distinguer la fiction de la réalité. L’intrigue se déroule au sud-est de Berlin dans le quartier de Gropiusstadt, au cœur de l’arrondissement de Neukölln, connu pour ses grands ensembles construits dans les années 1960.
Berlin Boys nous fait revivre l’esthétique de l’année 2003, le début des téléphones portables, l’âge d’or des baladeurs et d’un code vestimentaire inspiré des États-Unis. L’année n’est pas choisie au hasard, elle correspond en Allemagne à une prise de conscience d’injustices vécues de la part des populations parquées dans les tours vieillissantes et surchauffées, raconte David Wnendt. « Dès 2003, une question sociale s’y est posée qui n’a toujours pas de réponse : le quartier est rempli d’enfants d’origine immigrée, qui n’ont aucune chance de s’intégrer dans la société. »
Le réalisateur accentue par des jeux de caméra l’aspect vertigineux de ces grands ensembles, filmés sous un soleil de plomb, conférant à ce quotidien un aspect insupportable. « La vie est dure, surtout quand on a 15 ans. Et quand on vit à Berlin-Neukölln à 15 ans, la vie est un enfer. »
C’est un film de garçons, aucune femme n’est montrée, elles semblent cantonnées aux intérieurs, tandis que les hommes s’écharpent dans les parcs ou sur le bitume, pour passer le temps. La violence est omniprésente, qu’elle soit physique ou sociale, on la ressent à chaque instant en parcourant la vie de ces adolescents, tout juste sortis de l’enfance et délaissés par leur famille. « La violence dans le film n’est pas glorifiée, mais montrée sans relâche de manière réaliste et du point de vue des garçons. »
La pauvreté devient une tare dont on ne peut se dépêtrer. Il y a donc les amis pour survivre. Malgré des joutes verbales musclées, ils s’entraident dans leurs galères – lorsqu’il faut trouver à tout prix 500 euros pour rembourser la bande rivale ou aider la mère de Gino à quitter son père violent.
Film sur l’amitié et l’adolescence, Berlin Boys fait tristement écho aux problématiques sociales actuelles.
Maider Darricau