La Gare
Raphaël Geffray
(Sarbacane, 2024, 192 pages, 26 euros)
Dans cette gare aux allures babyloniennes, tout semble fonctionner avec une précision implacable sous la direction d’Hannah. Qu’est-ce qui pourrait mettre à mal cet engrenage qui paraît imperturbable ? Adam, bassiste dans un groupe de jazz, qui hante ses pensées au point qu’elle en oublie sa mission et laisse peu à peu le chaos s’installer. Saisissante par ses contrastes, La Gare oscille entre teintes ternes et éclats de couleurs vives, reflétant une vie urbaine occidentale à la fois foisonnante et décadente. Les décors – véritable superstructure tentaculaire tout en béton – sont magnifiés par les grands plans percutants de Raphaël Geffray, qui signe ici sa deuxième BD. À la croisée du drame amoureux et du cyberpunk, entre lutte des classes et passion obsessionnelle, La Gare est une plongée vertigineuse dans un univers aussi fascinant qu’oppressant.
Lucas Boudier