Une part manquante

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Une part manquante

Une part man­quante, actuel­le­ment en salle

un film de Guillaume Senez

Haut et Court

 

On a l’habitude de voir Tokyo comme une four­mi­lière géante illu­mi­née de toutes parts, où l’exposition visuelle et sonore donne l’impression d’une ville satu­rée de tout, d’objets, de lieux, d’expériences pos­sibles, de laquelle il est impos­sible de faire le tour. La vie de Jay (Romain Duris), chauf­feur de taxi qui tra­vaille de nuit et ne dort jamais est bien conforme à cette idée que l’on se fait de Tokyo. Cepen­dant l’atmosphère inti­miste du film vient contre- balan­cer cet ima­gi­naire fré­né­tique et nous montre une facette plus calme de la ville. Au Japon, en cas de sépa­ra­tion, la jus­tice ne pré­voit ni la garde alter­née ni le droit de visite, ce qui prive de nom­breux parents de tout contact avec leurs enfants jusqu’à leur majo­ri­té. Jay est dans ce cas. Il a été sépa­ré de sa fille, il y a neuf ans, et ne l’a jamais revue depuis. Déter­mi­né à la retrou­ver, contre toute pro­ba­bi­li­té, il par­court la ville à l’arrière de son taxi, menant un style de vie mona­cal en contraste avec les quar­tiers ani­més qu’il sillonne, et conti­nue d’y croire.
Une part man­quante s’apparente au pre­mier abord à une comé­die dra­ma­tique aux méca­niques sim­plistes, mais c’est fina­le­ment cette sim­pli­ci­té qui fait la force du film : peu d’artifices, des moments de ten­sion jux­ta­po­sés à des moments de res­pi­ra­tion, des émo­tions rete­nues… Le récit tient en équi­libre autour de la notion de manque – de quelque chose ou de quelqu’un. Outre l’enlèvement paren­tal, le film aborde aus­si la thé­ma­tique de l’étranger confron­té à l’inconnu, dans ce pays riche, à la culture et à la langue si dif­fé­rentes, qui confrontent le spec­ta­teur fran­çais à une contra­dic­tion per­ma­nente : d’un côté, le désir brû­lant, tou­jours sous-jacent, de notre chauf­feur de taxi de retrou­ver sa fille, de l’autre, cette socié­té impas­sible, où les émo­tions sont étouf­fées, relé­guées au second plan. Comme une vio­lence sourde.

Une part man­quante pour­rait par­ler à toutes les per­sonnes qui se sont déjà sen­ties dans une impasse, seules contre le monde, dans un envi­ron­ne­ment hos­tile et se battent au jour le jour pour par­ve­nir à leurs fins.

Lucas Bou­dier

 

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