Urbaniste concepteur et développeur

Site Villes Vivantes

Des­crip­tion du poste :

Votre métier : modé­li­ser un ter­ri­toire et son fonc­tion­ne­ment, pré­pa­rer, pro­gram­mer puis co-pilo­ter des opé­ra­tions d’ha­bi­tat, d’a­mé­na­ge­ment et de renou­vel­le­ment urbain. 

Pour aller plus loin :
1/ Ce que nous avons pris l’ha­bi­tude de recon­naître comme une “ville”, un “vil­lage”, un “bourg”, un “fau­bourg” résulte le plus sou­vent d’une his­toire, d’un pro­ces­sus de crois­sance orga­nique : le tis­su urbain a évo­lué sur et en pro­lon­ge­ment de lui-même, au gré des besoins et des pro­jets, autour d’es­paces publics, de voies, de lieux et d’é­qui­pe­ments collectifs.
2/ Puis vint le temps de l’éner­gie peu chère, de l’au­to­mo­bile, des infra­struc­tures et des villes nou­velles : “grands ensembles”, “lotis­se­ments”, “quar­tiers sur dalle” puis “éco-quar­tiers”, construits dans des champs, des forêts et aujourd’­hui d’an­ciennes friches indus­trielles. D’une logique de tra­cés et d’é­vo­lu­tions incré­men­tales, nous sommes pas­sés à une logique d’o­pé­ra­tions nou­velles d’aménagement.
3/ En France, contrai­re­ment aux époques pré­cé­dentes, l’ur­ba­ni­sa­tion du 20e siècle ne fut pas conçue comme évo­lu­tive, mais au contraire comme
un sys­tème qua­si­ment figé, des­si­né puis réa­li­sé en tant qu’ob­jet urbain défi­ni­tif : des par­celles furent via­bi­li­sées et décou­pées, des bâti­ments édi­fiés, non pas pour être un jour sur­éle­vés, éten­dus, divi­sés, den­si­fiés, pro­lon­gés… mais pour demeu­rer tels quels. Si bien que cha­cun s’ha­bi­tua à cette idée.
4/ Les Plans d’Oc­cu­pa­tion des Sols virent le jour en 1967, les Plans Locaux d’Ur­ba­nisme en 2000, selon un double prin­cipe : par des zones et des règles,
(a) main­te­nir l’es­sen­tiel de l’as­pect et des carac­té­ris­tiques des espaces déjà bâtis,
(b) ouvrir de nou­velles zones à urba­ni­ser pour répondre aux besoins du moment.
5/ En 2021, l’ob­jec­tif du “Zéro Arti­fi­cia­li­sa­tion Nette” fait son appa­ri­tion dans la loi Cli­mat et Rési­lience. Pour l’es­sen­tiel, atteindre le ZAN en 2050 remet en cause, fron­ta­le­ment, le prin­cipe (b), c’est-à-dire l’ou­ver­ture de nou­velles zones à urba­ni­ser pour répondre aux besoins.
6/ Mais éton­nam­ment, au moment où nous nous don­nons pour règle de fer­mer pro­gres­si­ve­ment les pos­si­bi­li­tés d’ex­ten­sion urbaine, d’é­ta­le­ment urbain et d’ar­ti­fi­cia­li­sa­tion de nou­velles terres, nous ne nous don­nons pas la règle coro­laire, qui cor­res­pon­drait au ren­ver­se­ment du prin­cipe (a) : à savoir ouvrir signi­fi­ca­ti­ve­ment, et intel­li­gem­ment, les pos­si­bi­li­tés de construire en renou­vel­le­ment urbain pour répondre aux besoins.
7/ Si l’on ferme le robi­net de l’ex­ten­sion sans ouvrir le robi­net de l’in­ten­si­fi­ca­tion, nous créons de fac­to, par nos règles, de façon com­plè­te­ment arti­fi­cielle, une situa­tion de pénu­rie poten­tielle de fon­ciers constructibles.
8/ Cette pénu­rie poten­tielle devient une pénu­rie réelle dans les ter­ri­toires dans les­quels les besoins du pays sont importants.
9/ La spé­cu­la­tion immo­bi­lière, qui fait grim­per les prix jus­qu’au ciel dans ces ter­ri­toires, jus­qu’à y blo­quer la pro­duc­tion de l’offre qui per­met­trait de répondre aux besoins, est le plus sou­vent le symp­tôme de cette pénu­rie arti­fi­cielle, et non sa cause.
10/ Les pre­mières vic­times de la pénu­rie, laquelle induit la spé­cu­la­tion, laquelle pro­voque la hausse des prix de l’im­mo­bi­lier ancien et neuf, sont les ménages modestes et les classes moyennes, par­mi les­quelles les étu­diants, dont cer­tains dorment en tente ou dans leur voi­ture, les jeunes actifs et les familles, dont le pou­voir de loca­tion ou d’a­chat immo­bi­lier a fon­du, et par­fois même com­plè­te­ment dis­pa­ru, pré­ci­sé­ment dans les ter­ri­toires où ils ont trou­vé ou pour­raient trou­ver un emploi.
11/ Les employeurs publics et pri­vés sont les vic­times de second rang de cette pénu­rie : ils doivent aug­men­ter les rému­né­ra­tions de leurs employés (et donc les coûts des pro­duits et ser­vices qu’ils pro­posent), non pas pour leur per­mettre d’a­mé­lio­rer leur qua­li­té de vie ou rétri­buer plus jus­te­ment leur tra­vail, mais pour com­pen­ser la hausse des prix de l’im­mo­bi­lier. Cette pénu­rie fon­cière, arti­fi­cielle, est un bou­let fon­cier atta­ché aux che­villes de toutes les struc­tures de l’é­co­no­mie française.
12/ Dans cer­tains sec­teurs, pour les­quels embau­cher est deve­nu cri­tique aujourd’­hui — ils sont de plus en plus nom­breux — les employés actuels et poten­tiels en arrivent ain­si au point où la ques­tion fati­dique se pose : tra­vailler vaut-il le coup / le coût ?
13/ Un emploi qui ne per­met pas de finan­cer une vie décente n’est plus un “emploi” : c’est un tra­vail en sur­sis, une situa­tion éco­no­mique précaire.
14/ Une ins­ti­tu­tion publique ou pri­vée qui n’est plus en capa­ci­té de pro­po­ser des salaires qui per­mettent de vivre dans un loge­ment confor­table, et situé à proxi­mi­té rai­son­nable du lieu d’embauche, n’est plus une “ins­ti­tu­tion” : elle n’est plus pour­voyeuse d’un pro­jet, d’une pers­pec­tive col­lec­tive à moyen terme ; elle n’a plus la capa­ci­té de construire et d’emmener une équipe dans une tra­jec­toire créa­trice de valeur, et posi­tive pour tous ses membres.
15/ Un ter­ri­toire qui exclut de son coeur ses propres forces vives n’est pas un “ter­ri­toire” : c’est un espace d’ex­clu­sion, qui divise plu­tôt que de ras­sem­bler, qui affai­blit ses ins­ti­tu­tions plu­tôt que de les soutenir.
16/ La France de 2030, celle qui a réduit de moi­tié sa consom­ma­tion / son arti­fi­cia­li­sa­tion de terres natu­relles et agri­coles (ZAN), sans blo­quer l’en­semble de son éco­no­mie, c’est demain.
Pour rou­vrir fran­che­ment le robi­net des droits à bâtir, déta­cher le bou­let fon­cier qui enchaîne toutes les ini­tia­tives du pays, faire en sorte que l’in­ten­si­fi­ca­tion prenne la relève de l’ex­ten­sion urbaine, nous n’a­vons pas 10 ans pour nous trom­per, nous illu­sion­ner ou répé­ter les mêmes erreurs que par le passé.
Alors, quelles sont les condi­tions de la réussite ?
17/ Pour que les élus puissent déci­der, en notre nom, d’ou­vrir le robi­net de l’in­ten­si­fi­ca­tion, il faut en pre­mier lieu que le réser­voir de rési­dences prin­ci­pales ne pré­sente pas de fuites trop impor­tantes : tant que les sujets des rési­dences secon­daires, des loca­tions de courte durée et de la sous-occu­pa­tion des loge­ments exis­tants ne seront pas pris à bras le corps, il sera dif­fi­cile de s’en­ga­ger, col­lec­ti­ve­ment, dans l’effort de l’intensification…
De ce côté-là, les pro­grès sont signi­fi­ca­tifs ces der­niers mois.
18/ Il nous faut, deuxiè­me­ment, obte­nir le consen­te­ment de la majo­ri­té pour enga­ger des pro­grammes locaux d’in­ten­si­fi­ca­tion, de den­si­fi­ca­tion douce et forte, pro­jet de ter­ri­toire par pro­jet de ter­ri­toire. Pour cela nous devons répondre, sans détour, à la double question :
19/ Que sou­haitent les Fran­çais ? Pour une par­tie signi­fi­ca­tive d’entre eux : vivre dans une mai­son dotée d’un petit jar­din, au sein d’un quar­tier à l’es­prit vil­la­geois, équi­pé et des­ser­vi, dans lequel on peut accé­der à pied, en vélo ou en TC aux emplois, à la nature, aux opportunités…
La crise sani­taire a fait resur­gir les rêves d’hier comme des ingré­dients de base pour bâtir le monde de demain. Et les 10 der­nières décen­nies d’é­ta­le­ment urbain ont, para­doxa­le­ment, pré­pa­ré un ter­rain ample­ment suf­fi­sant pour bâtir des mai­sons — et des immeubles — sans que nous ayons à arti­fi­cia­li­ser de nou­velles terres ni à construire de nou­velles infrastructures.
De ce côté-là, la France est lar­ge­ment prête.
20/ Qui doit arbi­trer ? Les élec­tions muni­ci­pales de 2014, et plus encore celles de 2020, ont mon­tré que la démo­cra­tie locale s’est clai­re­ment empa­rée du sujet de l’ur­ba­nisme et du robi­net des droits à bâtir en intensification.
Il ne reste plus qu’à tran­si­ter d’une démo­cra­tie du som­meil vers une démo­cra­tie du tra­vail : per­met­tons à cha­cun de voter là où il tra­vaille, et nous rééqui­li­bre­rons rapi­de­ment les débats.
21/ Les méca­nismes qui néces­sitent que la puis­sance publique, ou ses par­te­naires, se rendent pro­prié­taires du fon­cier, ou financent des défi­cits d’o­pé­ra­tion impor­tants, ne peuvent fonc­tion­ner à grande échelle, en par­ti­cu­lier dans les sec­teurs ten­dus, là où les besoins sont criants, mais aus­si là où le fon­cier est rare et cher.
22/ Les besoins en loge­ments — et en locaux d’ac­ti­vi­té — forment un flux. Un flux per­ma­nent auquel on ne peut répondre par un stock limité.
Nous devons repen­ser un sys­tème fon­cier vivant, social, cultu­rel, éco­no­mique, où l’ac­cès au fon­cier construc­tible rede­vienne fluide, presque abon­dant. C’est, nous pen­sons, la condi­tion pour qu’il devienne plus juste

Des­crip­tion du pro­fil recher­ché:

Vos com­pé­tences : ana­lyse, data, concep­tion, modé­li­sa­tion, direc­tion et réa­li­sa­tion d’études pré-opé­ra­tion­nelles, défi­ni­tion, pla­ni­fi­ca­tion, cali­brage conduite et pilo­tage d’o­pé­ra­tions et dis­po­si­tifs por­tant sur l’ha­bi­tat neuf et exis­tant (OPAH, OPAH-RU, ORT, PIG, PTRE, BUNTI, BIMBY…).

Votre ambi­tion : trans­for­mer, uni­ver­sa­li­ser et aug­men­ter l’im­pact des dis­po­si­tifs d’action publique sur l’habitat neuf et ancien.

Votre sujet : l’habitat d’hier, le fon­cier d’au­jourd’­hui et son poten­tiel immo­bi­lier futur pour le déve­lop­pe­ment des territoires.

Vos mis­sions : conduire des études stra­té­giques et pré-opé­ra­tion­nelles dans le domaine de l’ha­bi­tat neuf et ancien, du patri­moine, de la pla­ni­fi­ca­tion et de l’a­mé­na­ge­ment du territoire

Vous pou­vez adres­sez-nous vos can­di­da­tures (CV et lettre de motivation)

Contact: Lily MUNSONlily.munson@vivantes.fr

Pour pos­tu­ler, envoyez votre CV et votre lettre de moti­va­tion par e‑mail à jobs@vivantes.fr


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Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


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