Des « Courants Fertiles » au Village des athlètes
chantier du Village Olympique SOLIDEO à Saint Ouen le 28 novembre 2023.

Dans le cadre des JOP de Paris 2024, l’initiative de la Solideo, « Courants Fertiles », a permis la création d’une série d’œuvres d’art au sein du Village des athlètes.
Après la manifestation sportive, celles-ci viendront favoriser l’appropriation du nouveau quartier Pleyel-Bords de Seine par ses futurs usagers.

 

Les Jeux olym­piques et para­lym­piques de Paris 2024 battent leur plein. Le Vil­lage des ath­lètes, qui s’étend sur trois com­munes (Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis), lui, accueille éga­le­ment des œuvres.

Ce futur quar­tier des Bel­vé­dères consti­tue une par­tie du sec­teur de 52 hec­tares qui sera l’héritage urbain des Jeux dans le dépar­te­ment de la Seine-Saint-Denis. Il doit accueillir, dès 2025, plus de 2 000 loge­ments fami­liaux et étu­diants, des bureaux ain­si qu’une nou­velle offre de com­merces et de ser­vices en rez-de-chaussée.

La Socié­té de livrai­son des ouvrages olym­piques (Soli­deo) avance le chiffre de 6 000 nou­veaux habi­tants. Autant de sala­riés feront vivre ce nou­veau quar­tier. Au sein du Vil­lage, la Soli­deo a ini­tié une démarche artis­tique bap­ti­sée « Cou­rants Fer­tiles ». Elle prend la forme d’un récit visant à sou­li­gner la dyna­mique d’un ter­ri­toire tou­jours en mou­ve­ment. La démarche est accom­pa­gnée par l’agence d’ingénierie cultu­relle Mani­fes­to et le direc­teur artis­tique Gaël Charbau.

En inté­grant ain­si l’art dans la ville, l’opération entend favo­ri­ser l’appropriation du quar­tier par ses futurs usa­gers. Au total, ce sont 14 œuvres, dont quatre dans les espaces publics, qui ont été réa­li­sées pour le Vil­lage des ath­lètes. Et si elles reflètent des pra­tiques artis­tiques très diverses sur cha­cun des cinq grands sec­teurs du Vil­lage (A, B, C, D et E), leur déno­mi­na­teur com­mun est de por­ter un regard sen­sible sur l’histoire, l’usage et l’esthétisme du quartier.

Et cela, à tra­vers une arti­cu­la­tion autour de trois thé­ma­tiques : his­toire, envi­ron­ne­ment et diver­si­té. C’est ain­si que pour le sec­teur E, dit « Les Bel­vé­dères », qui consti­tue la par­tie la plus au sud du site (sur la com­mune de Saint-Ouen), le grou­pe­ment d’entreprises en charge – ras­sem­blant Nexi­ty, Eif­fage, CDC Habi­tat, Grou­pa­ma Immo­bi­lier et le Groupe EDF – a sou­hai­té sélec­tion­ner des œuvres qui relèvent de nom­breux défis tech­niques, afin de « sur­prendre et émerveiller ».

À cette occa­sion, les artistes ont tra­vaillé en lien direct avec les archi­tectes afin que leurs œuvres soient lit­té­ra­le­ment inté­grées aux bâti­ments, la grande ambi­tion du pro­jet étant que l’art soit un fac­teur d’appropriation plei­ne­ment ins­crit dans la ville de demain. Pour ce pro­jet, qui se veut un véri­table mani­feste pour l’inclusion et l’accessibilité uni­ver­selle – tant dans le choix des artistes que dans les œuvres et ins­tal­la­tions pro­duites –, quatre pro­po­si­tions ont été rete­nues pour le lot E / quar­tier des Bel­vé­dères. Ils sont signés par autant d’artistes (Nadine Schütz est Suisse) qui ont tra­vaillé sur les thé­ma­tiques sélec­tion­nées par la Solideo.

Tout d’abord, le plas­ti­cien Fabien Ver­schaere qui, à tra­vers ses œuvres, aborde les doutes et les grandes ques­tions de notre ima­gi­naire et de nos repré­sen­ta­tions. Son uni­vers s’inspire des contes, de la mytho­lo­gie, de la bande des­si­née, mais aus­si de la vie quo­ti­dienne. La réflexion der­rière ses œuvres fait écho aux valeurs et à la volon­té du pro­jet lié à la démarche artis­tique du Vil­lage : rendre l’art acces­sible et uni­ver­sel. Concrè­te­ment, l’artiste pro­pose une œuvre qui se déploie sur trois pla­fonds du pre­mier étage du pre­mier immeuble de la rue prin­ci­pale, pour se pro­lon­ger jusqu’au balcon.

Pour sa part, le duo d’artistes fran­çaises Hip­po­lyte Hent­gen pro­pose un ensemble de bas-reliefs inti­tu­lé « Ici » sur plu­sieurs façades d’immeubles situées face au car­re­four de la rue prin­ci­pale. Le plus grand bas-relief, qui mesure 15 mètres de long, est une com­po­si­tion de fleurs, de feuilles et d’oiseaux. Les autres se retrouvent sur cer­tains murs et tru­meaux qui encadrent les portes d’entrée des immeubles.

Ces créa­tions évo­quant l’origine du quar­tier et la nature comme enjeu fon­da­men­tal de l’urbanisme se veulent ain­si un repère de ras­sem­ble­ment au sein du Vil­lage. La concep­trice Nadine Schütz intègre, quant à elle, une dimen­sion sonore à la fois posi­tive et poé­tique. Ses inter­ven­tions viennent créer des espaces sen­so­riels en cœur d’îlots et ain­si ampli­fier le confort pour toutes et pour tous. En créant des repères audi­tifs diver­si­fiés, elles faci­litent l’orientation uni­ver­selle et incitent à bou­ger, à décou­vrir. L’ensemble des ins­tal­la­tions crée une expé­rience de « jar­din ampli­fié » pour toutes et tous.

Enfin, la peintre et sculp­trice Mor­gane Tschiem­ber s’est fixé comme défi d’intégrer une « dimen­sion sym­pho­nique » au quar­tier. Son œuvre se veut à l’image d’un « souffle », qui naît de l’extrait d’une par­ti­tion com­po­sée pour des sopra­nos avant d’en faire… une sculpture.

C’est ain­si que l’inclusion de ces œuvres au Vil­lage des ath­lètes incarne le pro­jet des Jeux de Paris 2024 : réunir le plus grand nombre autour de sujets uni­ver­sels. Pen­sées pour se fondre par­mi les nou­velles construc­tions, ces ins­tal­la­tions artis­tiques feront, elles aus­si, par­tie inté­grante de l’héritage lais­sé à l’attention des futurs usa­gers du quar­tier des Bel­vé­dères – et des autres –, qu’ils soient tra­vailleurs, pas­sants, habi­tants: offrir au plus grand nombre un contact quo­ti­dien avec l’art.

Rodolphe Cas­so, avec Valé­rie Montanier

 

3 questions à Nathalie Bazoche, responsable du développement culturel chez EDF

Com­ment est venue l’idée de faire appel à des artistes pour inter­ve­nir sur le futur quar­tier des Belvédères ?

Au moment des concours lan­cés pour les pro­jets du Vil­lage des ath­lètes, des ren­dez-vous de cadrage récur­rents étaient orga­ni­sés entre les grou­pe­ments et la Soli­deo. C’est lors de ces échanges qu’a été sug­gé­ré d’intégrer une démarche artis­tique dans les espaces pri­vés, mais qui soient visibles depuis l’espace public afin de consti­tuer des repères dans la ville. Dans le grou­pe­ment qui a rem­por­té le lot E, EDF avait l’avantage de dis­po­ser de sa fon­da­tion. J’ai donc créé un groupe de réflexion sur la démarche artis­tique, avec Lau­rence May­nier, direc­trice de la Fon­da­tion des Artistes, Jean Blaise, direc­teur géné­ral du Voyage à Nantes, et Oli­vier Iba­nez, qui diri­geait, à l’époque, la com­mu­ni­ca­tion au Mobi­lier natio­nal. Il est res­sor­ti de nos échanges la volon­té que les artistes soient capables de racon­ter des his­toires et nous faire rêver la ville de demain, que ce soit au niveau du care, de la nature et de l’héritage indus­triel et agri­cole du quar­tier. De plus, il était pour moi très impor­tant que les artistes tra­vaillent dès le départ avec les archi­tectes. La démarche devait être inté­grée au projet.

 

Pour­quoi avoir choi­si ces artistes en particulier ?

Pour Nadine Schütz, qui est desi­gner sonore, ce sont les pay­sa­gistes du pro­jet – l’atelier Georges – qui ont sou­hai­té faire appel à elle. Elle s’est donc trou­vée inté­grée au tra­vail sur le pay­sage depuis le départ. Fabien Ver­schaere était, pour sa part, capable de pro­po­ser une œuvre qui parle de la dif­fé­rence, de la diver­si­té et de la mixi­té. C’est de là qu’est née cette fresque incroyable qu’il a réa­li­sée, et qui évoque l’acceptation de l’autre. Gaëlle Hip­po­lyte et Lina Hent­gen viennent d’un milieu artis­tique encore très dif­fé­rent, celui du des­sin, avec une forte appé­tence pour les années 1950–1960, les comics books, et les codes de repré­sen­ta­tion de la femme à cette époque. Elles ont donc réa­li­sé des bas-reliefs sur un grand mur de 15 mètres, pour pro­po­ser leur vision de la ville de demain, avec l’intégration des végé­taux. Et, au bout de cette fresque, se trouve une école… Enfin, Mor­gane Tschiem­ber réa­lise des « par­ti­tions de souffle » et, pour notre pro­jet, elle a maté­ria­li­sé dans son œuvre le souffle des ath­lètes, celui qu’ils prennent avant de se lancer.

 

Quelle est la poli­tique d’EDF pour le sou­tien à l’art ?

L’engagement artis­tique du groupe EDF est por­té par sa fon­da­tion et son espace cultu­rel [à Paris, 6, rue Juliette-Réca­mier, dans le 7e arron­dis­se­ment, ndlr]. Notre enga­ge­ment est de pré­sen­ter, a mini­ma, une expo­si­tion par an. Nous les conce- vons en co-com­mis­sa­riat, avec des scien- tifiques et des com­mis­saires artis­tiques, autour de sujets de socié­té et d’actualité. Nous avons ain­si pro­po­sé récem­ment « Fake News : Art, Fic­tion, Men­songe », « Faut-il voya­ger pour être heu­reux ? » et, en ce moment, « Demain est annu­lé – de l’art et des regards sur la sobrié­té ». Ces expo­si­tions sont ensuite iti­né­rantes, dans des lieux cultu­rels comme La Condi­tion Publique, à Rou­baix, ou la Friche Belle de Mai, à Mar­seille. Et nous fai­sons aus­si des plus petites expos sur pan­neaux à des­ti­na­tion des média­thèques, des biblio­thèques et des écoles.

Pro­pos recueillis par Rodolphe Casso

Pho­to : La fresque de Fabien Ver­schaere est visible depuis l’espace public. © Sennse/Cyril Badet

 

L’énergie renouvelable alimente le Village des athlètes 

Sur la gare rou­tière du Vil­lage des ath­lètes, un nou­veau genre d’ombrière mise au point par EDF pro­tè­ge­ra non seule­ment les ath­lètes des intem­pé­ries et de la cha­leur, mais pro­dui­ra éga­le­ment de l’électricité renou­ve­lable. En tout, ce sont 800 m² de pan­neaux solaires pho­to­vol­taïques qui vont géné­rer l’équivalent de la consom­ma­tion d’électricité de 132 appar­te­ments du Vil­lage. Cette struc­ture réuti­li­sable, souple et légère, peut être trans­por­tée, ins­tal­lée et démon­tée faci­le­ment, et pour­ra ain­si ser­vir sur d’autres évè­ne­ments en héri­tage. De plus, une cen­trale solaire flot­tante, d’une puis­sance de 78 kWc, vien­dra com­plé­ter les besoins néces­saires à la consom­ma­tion d’électricité renou­ve­lable de la Place Olym­pique et Para­lym­piques du Vil­lage des ath­lètes pen­dant les Jeux. Ici encore, la struc­ture est trans­por­table, facile à mettre en place et réuti­li­sable, non seule­ment dans un contexte évé­ne­men­tiel, mais aus­si agri­cole, voire humanitaire.

 

 

 

 

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