Dans le cadre des JOP de Paris 2024, l’initiative de la Solideo, « Courants Fertiles », a permis la création d’une série d’œuvres d’art au sein du Village des athlètes.
Après la manifestation sportive, celles-ci viendront favoriser l’appropriation du nouveau quartier Pleyel-Bords de Seine par ses futurs usagers.
Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 battent leur plein. Le Village des athlètes, qui s’étend sur trois communes (Saint-Denis, Saint-Ouen et L’Ile-Saint-Denis), lui, accueille également des œuvres.
Ce futur quartier des Belvédères constitue une partie du secteur de 52 hectares qui sera l’héritage urbain des Jeux dans le département de la Seine-Saint-Denis. Il doit accueillir, dès 2025, plus de 2 000 logements familiaux et étudiants, des bureaux ainsi qu’une nouvelle offre de commerces et de services en rez-de-chaussée.
La Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo) avance le chiffre de 6 000 nouveaux habitants. Autant de salariés feront vivre ce nouveau quartier. Au sein du Village, la Solideo a initié une démarche artistique baptisée « Courants Fertiles ». Elle prend la forme d’un récit visant à souligner la dynamique d’un territoire toujours en mouvement. La démarche est accompagnée par l’agence d’ingénierie culturelle Manifesto et le directeur artistique Gaël Charbau.
En intégrant ainsi l’art dans la ville, l’opération entend favoriser l’appropriation du quartier par ses futurs usagers. Au total, ce sont 14 œuvres, dont quatre dans les espaces publics, qui ont été réalisées pour le Village des athlètes. Et si elles reflètent des pratiques artistiques très diverses sur chacun des cinq grands secteurs du Village (A, B, C, D et E), leur dénominateur commun est de porter un regard sensible sur l’histoire, l’usage et l’esthétisme du quartier.
Et cela, à travers une articulation autour de trois thématiques : histoire, environnement et diversité. C’est ainsi que pour le secteur E, dit « Les Belvédères », qui constitue la partie la plus au sud du site (sur la commune de Saint-Ouen), le groupement d’entreprises en charge – rassemblant Nexity, Eiffage, CDC Habitat, Groupama Immobilier et le Groupe EDF – a souhaité sélectionner des œuvres qui relèvent de nombreux défis techniques, afin de « surprendre et émerveiller ».
À cette occasion, les artistes ont travaillé en lien direct avec les architectes afin que leurs œuvres soient littéralement intégrées aux bâtiments, la grande ambition du projet étant que l’art soit un facteur d’appropriation pleinement inscrit dans la ville de demain. Pour ce projet, qui se veut un véritable manifeste pour l’inclusion et l’accessibilité universelle – tant dans le choix des artistes que dans les œuvres et installations produites –, quatre propositions ont été retenues pour le lot E / quartier des Belvédères. Ils sont signés par autant d’artistes (Nadine Schütz est Suisse) qui ont travaillé sur les thématiques sélectionnées par la Solideo.
Tout d’abord, le plasticien Fabien Verschaere qui, à travers ses œuvres, aborde les doutes et les grandes questions de notre imaginaire et de nos représentations. Son univers s’inspire des contes, de la mythologie, de la bande dessinée, mais aussi de la vie quotidienne. La réflexion derrière ses œuvres fait écho aux valeurs et à la volonté du projet lié à la démarche artistique du Village : rendre l’art accessible et universel. Concrètement, l’artiste propose une œuvre qui se déploie sur trois plafonds du premier étage du premier immeuble de la rue principale, pour se prolonger jusqu’au balcon.
Pour sa part, le duo d’artistes françaises Hippolyte Hentgen propose un ensemble de bas-reliefs intitulé « Ici » sur plusieurs façades d’immeubles situées face au carrefour de la rue principale. Le plus grand bas-relief, qui mesure 15 mètres de long, est une composition de fleurs, de feuilles et d’oiseaux. Les autres se retrouvent sur certains murs et trumeaux qui encadrent les portes d’entrée des immeubles.
Ces créations évoquant l’origine du quartier et la nature comme enjeu fondamental de l’urbanisme se veulent ainsi un repère de rassemblement au sein du Village. La conceptrice Nadine Schütz intègre, quant à elle, une dimension sonore à la fois positive et poétique. Ses interventions viennent créer des espaces sensoriels en cœur d’îlots et ainsi amplifier le confort pour toutes et pour tous. En créant des repères auditifs diversifiés, elles facilitent l’orientation universelle et incitent à bouger, à découvrir. L’ensemble des installations crée une expérience de « jardin amplifié » pour toutes et tous.
Enfin, la peintre et sculptrice Morgane Tschiember s’est fixé comme défi d’intégrer une « dimension symphonique » au quartier. Son œuvre se veut à l’image d’un « souffle », qui naît de l’extrait d’une partition composée pour des sopranos avant d’en faire… une sculpture.
C’est ainsi que l’inclusion de ces œuvres au Village des athlètes incarne le projet des Jeux de Paris 2024 : réunir le plus grand nombre autour de sujets universels. Pensées pour se fondre parmi les nouvelles constructions, ces installations artistiques feront, elles aussi, partie intégrante de l’héritage laissé à l’attention des futurs usagers du quartier des Belvédères – et des autres –, qu’ils soient travailleurs, passants, habitants: offrir au plus grand nombre un contact quotidien avec l’art.
Rodolphe Casso, avec Valérie Montanier
3 questions à Nathalie Bazoche, responsable du développement culturel chez EDF
Comment est venue l’idée de faire appel à des artistes pour intervenir sur le futur quartier des Belvédères ?
Au moment des concours lancés pour les projets du Village des athlètes, des rendez-vous de cadrage récurrents étaient organisés entre les groupements et la Solideo. C’est lors de ces échanges qu’a été suggéré d’intégrer une démarche artistique dans les espaces privés, mais qui soient visibles depuis l’espace public afin de constituer des repères dans la ville. Dans le groupement qui a remporté le lot E, EDF avait l’avantage de disposer de sa fondation. J’ai donc créé un groupe de réflexion sur la démarche artistique, avec Laurence Maynier, directrice de la Fondation des Artistes, Jean Blaise, directeur général du Voyage à Nantes, et Olivier Ibanez, qui dirigeait, à l’époque, la communication au Mobilier national. Il est ressorti de nos échanges la volonté que les artistes soient capables de raconter des histoires et nous faire rêver la ville de demain, que ce soit au niveau du care, de la nature et de l’héritage industriel et agricole du quartier. De plus, il était pour moi très important que les artistes travaillent dès le départ avec les architectes. La démarche devait être intégrée au projet.
Pourquoi avoir choisi ces artistes en particulier ?
Pour Nadine Schütz, qui est designer sonore, ce sont les paysagistes du projet – l’atelier Georges – qui ont souhaité faire appel à elle. Elle s’est donc trouvée intégrée au travail sur le paysage depuis le départ. Fabien Verschaere était, pour sa part, capable de proposer une œuvre qui parle de la différence, de la diversité et de la mixité. C’est de là qu’est née cette fresque incroyable qu’il a réalisée, et qui évoque l’acceptation de l’autre. Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen viennent d’un milieu artistique encore très différent, celui du dessin, avec une forte appétence pour les années 1950–1960, les comics books, et les codes de représentation de la femme à cette époque. Elles ont donc réalisé des bas-reliefs sur un grand mur de 15 mètres, pour proposer leur vision de la ville de demain, avec l’intégration des végétaux. Et, au bout de cette fresque, se trouve une école… Enfin, Morgane Tschiember réalise des « partitions de souffle » et, pour notre projet, elle a matérialisé dans son œuvre le souffle des athlètes, celui qu’ils prennent avant de se lancer.
Quelle est la politique d’EDF pour le soutien à l’art ?
L’engagement artistique du groupe EDF est porté par sa fondation et son espace culturel [à Paris, 6, rue Juliette-Récamier, dans le 7e arrondissement, ndlr]. Notre engagement est de présenter, a minima, une exposition par an. Nous les conce- vons en co-commissariat, avec des scien- tifiques et des commissaires artistiques, autour de sujets de société et d’actualité. Nous avons ainsi proposé récemment « Fake News : Art, Fiction, Mensonge », « Faut-il voyager pour être heureux ? » et, en ce moment, « Demain est annulé – de l’art et des regards sur la sobriété ». Ces expositions sont ensuite itinérantes, dans des lieux culturels comme La Condition Publique, à Roubaix, ou la Friche Belle de Mai, à Marseille. Et nous faisons aussi des plus petites expos sur panneaux à destination des médiathèques, des bibliothèques et des écoles.
Propos recueillis par Rodolphe Casso
Photo : La fresque de Fabien Verschaere est visible depuis l’espace public. © Sennse/Cyril Badet
L’énergie renouvelable alimente le Village des athlètes
Sur la gare routière du Village des athlètes, un nouveau genre d’ombrière mise au point par EDF protègera non seulement les athlètes des intempéries et de la chaleur, mais produira également de l’électricité renouvelable. En tout, ce sont 800 m² de panneaux solaires photovoltaïques qui vont générer l’équivalent de la consommation d’électricité de 132 appartements du Village. Cette structure réutilisable, souple et légère, peut être transportée, installée et démontée facilement, et pourra ainsi servir sur d’autres évènements en héritage. De plus, une centrale solaire flottante, d’une puissance de 78 kWc, viendra compléter les besoins nécessaires à la consommation d’électricité renouvelable de la Place Olympique et Paralympiques du Village des athlètes pendant les Jeux. Ici encore, la structure est transportable, facile à mettre en place et réutilisable, non seulement dans un contexte événementiel, mais aussi agricole, voire humanitaire.