Paris doit se préparer à vivre durant les prochaines décennies une hausse de sa température qui annonce des étés plus chauds et des canicules plus intenses et plus fréquentes. Or, Paris, capitale la plus dense d’Europe, manque cruellement d’espaces de proximité rafraîchis et accessibles. Dans ce contexte, le vaste maillage parisien des 656 écoles (maternelles et élémentaires) et 114 collèges offre une formidable opportunité en termes d’espace.
Au sein de ces établissements, les cours de récréation représentent près de 75 hectares de surface, asphaltée et imperméable, qui participent largement au phénomène d’îlot de chaleur urbain. Majoritairement fermés en dehors du temps scolaire et périscolaire, ces espaces peuvent non seulement apporter des réponses aux défis climatiques, mais aussi sociaux. Au-delà des bénéfices environnementaux, réfléchir à un meilleur aménagement permet de répondre aux besoins fondamentaux des enfants en les reconnectant à la nature.
C’est face à ce constat que le projet Oasis a vu le jour. Porté par la volonté de créer une démarche innovante et citoyenne, il prévoit à terme la transformation de la totalité des cours de récréation parisiennes en îlots de fraîcheur au cœur des quartiers. De l’expérimentation de 2017, limitée à trois cours d’école, le projet Oasis s’est vu démultiplié depuis, notamment grâce au soutien de l’Union européenne et son Fonds européen de développement régional (Feder) obtenu par la Ville de Paris en 2018.
Dans ce cadre, dix premières cours tests ont été réalisées, entre 2019 et 2020, dans une démarche de coconception réunissant les élèves et les équipes pédagogiques des établissements concernés ainsi que les services de la Ville et des experts extérieurs variés. Exemplaires tant sur le plan environnemental que pour le bien-être des enfants, ces projets pilotes ont inspiré par la suite la transformation de nombreuses autres cours parisiennes.
Ce numéro spécial de la revue Urbanisme, réalisé main dans la main avec le Conseil architecture urbanisme et environnement de Paris (CAUE 75), retrace l’ensemble de leur création, de la conception à la réalisation, sans oublier les évaluations menées ou restant à mener pour mieux mesurer leur impact sur le bien-être des enfants, des équipes pédagogiques et des riverains.
Aujourd’hui, on dénombre dans la capitale plus de 100 cours renouvelées et végétalisées. Ailleurs en France et en Europe, des projets similaires commencent aussi à voir le jour, la démarche Oasis est loin d’être terminée.
Crédit photo : Théo Ménivard
Pour acheter la version numérique