Barbès Blues. Une histoire populaire de l’immigration maghrébine

Titre:

Description :

Barbès Blues. Une histoire populaire de l’immigration maghrébine

 

Hajer Ben Boubaker

(Seuil, 2024, 304 pages, 21 euros)

Depuis la publi­ca­tion en 2003 à La Décou­verte de l’ouvrage col­lec­tif inti­tu­lé Le Paris arabe, la connais­sance concer­nant la pré­sence de la com­mu­nau­té magh­ré­bine dans la capi­tale s’est peu à peu déve­lop­pée. Bar­bès Blues nous fait entrer dans l’intimité de cette com­mu­nau­té en alter­nant l’histoire offi­cielle et celle, plus intime, des ano­nymes. L’histoire popu­laire sup­pose, en effet, de ne pas s’en tenir aux grandes dates, même si la guerre d’Algérie est ici très pré­sente tout au long du récit. La géo­gra­phie sociale consti­tue un élé­ment essen­tiel de l’exploration qui est faite par l’auteure. Si Bar­bès consti­tue, effec­ti­ve­ment, l’épicentre de cet iti­né­raire mémo­riel, on retien­dra éga­le­ment qu’il fut un temps où les pentes de la mon­tagne Sainte-Gene­viève, en marge de l’haussmannisation, ont accueilli une com­mu­nau­té magh­ré­bine impor­tante, du fait de l’existence d’un habi­tat insa­lubre non encore rénové. 

De même, le quar­tier de la Goutte‑d’Or fait logi­que­ment l’objet d’un cha­pitre entier, tant il illustre l’enracinement de la com­mu­nau­té magh­ré­bine dans Paris. On note­ra, d’ailleurs, le dis­po­si­tif édi­to­rial mis en place pour chaque cha­pitre, qui pré­sente à la manière d’une pièce de théâtre le chœur (les acteurs) et la scène (les lieux). Mais le livre se veut tout autant une his­toire sociale abor­dant des thé­ma­tiques qui, pour un cer­tain nombre d’entre elles, n’ont fait l’objet que de quelques tra­vaux his­to­riques, qui méri­te­raient d’être ampli­fiés. C’est le cas, en par­ti­cu­lier, du cha­pitre inti­tu­lé : « Le temps des seringues ». Les quar­tiers popu­laires ont, en effet, payé un lourd tri­but au fléau de la drogue depuis les années 1970, ain­si qu’au sida, durant les décen­nies sui­vantes. De même, les pages consa­crées au déve­lop­pe­ment du racisme anti-magh­ré­bin invitent aus­si à étendre la réflexion au-delà des grandes villes comme Paris, Lyon et Mar­seille, tant le phé­no­mène paraît consti­tu­tif des années 1970–1980.

Mal­gré la gra­vi­té des sujets qui sont évo­qués dans l’ouvrage, l’auteure livre éga­le­ment des anec­dotes qui rap­pellent, à cet égard, que l’humain doit tou­jours pré­va­loir, tout comme l’espoir en des jours meilleurs. À Bar­bès, à la Goutte‑d’Or, comme ailleurs. 

Thi­bault Tellier

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *


À pro­pos

Depuis 1932, Urba­nisme est le creu­set d’une réflexion per­ma­nente et de dis­cus­sions fécondes sur les enjeux sociaux, cultu­rels, ter­ri­to­riaux de la pro­duc­tion urbaine. La revue a tra­ver­sé les époques en réaf­fir­mant constam­ment l’originalité de sa ligne édi­to­riale et la qua­li­té de ses conte­nus, par le dia­logue entre cher­cheurs, opé­ra­teurs et déci­deurs, avec des regards pluriels.


CONTACT

01 45 45 45 00


News­let­ter

Infor­ma­tions légales
Pour rece­voir nos news­let­ters. Confor­mé­ment à l’ar­ticle 27 de la loi du 6 jan­vier 1978 et du règle­ment (UE) 2016/679 du Par­le­ment euro­péen et du Conseil du 27 avril 2016, vous dis­po­sez d’un droit d’ac­cès, de rec­ti­fi­ca­tions et d’op­po­si­tion, en nous contac­tant. Pour toutes infor­ma­tions, vous pou­vez accé­der à la poli­tique de pro­tec­tion des don­nées.


Menus