Réalisé par Sylvain Bergère, Juliette Garcias, Floriane Devigne, Stan Neumann
Collection documentaire de Michel Lussault
France TV, disponible jusqu’au 20 janvier 2025
www.france.tv/france‑5/hyperlieux/#section-about
On ne présente plus le géographe français Michel Lussault dans le monde de l’urbanisme. Notamment reconnu pour avoir théorisé le concept des « hyper-lieux », il présente une collection documentaire pour découvrir ces espaces « totalement singuliers, pourtant ultra-connectés, spectaculaires et fragiles à la fois ».
Jadis, la géographie était une affaire de frontières et de continents. Dans une sorte de remake de l’illustre émission C’est pas sorcier version sciences sociales, Michel Lussault conte l’avènement de ces lieux par la mondialisation. Vissé derrière un bureau décoré en fonction des thématiques – avions miniatures pour l’aéroport de Francfort et masques vénitiens pour la place Saint-Marc –, il propose un décryptage des plus emblématiques en six épisodes : les Champs-Élysées à Paris ; l’aéroport international de Francfort, le Dubaï Mall dans la ville éponyme, la place Saint-Marc à Venise ; Times Square à New-York ; enfin, le quartier européen de Bruxelles.
Prenons l’exemple du Dubaï Mall. Qu’est-ce que ce centre commercial a de si singulier ? Construit en plein désert, il arbore en son centre un immense aquarium de près de 10 millions de litres d’eau, autour duquel se pressent les 80 millions de visiteurs annuels, aspirés par ce lieu « saturé de bruit et de lumière ». Michel Lussault le considère comme « un hyper-lieu presque parfait » concentrant un grand nombre de flux humains, de marchandises, de capitaux et de données.
À l’opposé du temple consumériste des Émirats, il y a le quartier européen de Bruxelles. Un district de 85 îlots dans l’ancien quartier Léopold, qui n’a, en apparence, aucun des critères qui caractérisent les autres hyper-lieux. Ce n’est pas un site touristique, de loisir ou de consommation, mais un lieu éminemment politique qui réunit un grand nombre de personnes. A contrario de Times Square ou de la place Saint-Marc, cet « hyper-lieu de pouvoir étrange » apparaît paisible et hors du temps, quasiment déserté le soir venu.
En vingt-six minutes, cette série offre une image renouvelée à la géographie. Elle vulgarise des notions nébuleuses, illustrées par un jeu d’animations et de cartographies réussi.
Maider Darricau