Pablo Rai­son
(Armand Colin, 2022, 168 pages, 25 euros)

Voi­ci un livre à mettre entre toutes les mains, petites ou grandes (pour une fois, la for­mule n’est pas gal­vau­dée) ! Avec beau­coup de talent et de poé­sie, Pablo Rai­son, ancien élève de l’École euro­péenne supé­rieure de l’image d’Angoulême, a com­pi­lé dans ce riche album ses des­sins de villes et car­to­gra­phies sym­bo­liques de France et d’ailleurs (y com­pris dans des uni­vers fantastiques).

Jusqu’ici dis­til­lés sur les réseaux sociaux, ses des­sins attirent des mil­liers de fol­lo­wers, dont des comptes ins­ti­tu­tion­nels et pro­fes­sion­nels de réfé­rence (l’IGN, la Fon­da­tion du patri­moine ou des car­to­graphes de presse) qui le suivent avec beau­coup d’intérêt et dif­fusent ses publications.

C’est sur l’ex-Twitter (aujourd’hui X) que l’anonyme Pablo Rai­son s’est fait connaître en pos­tant ses plans et pano­ra­mas urbains, res­ti­tuant ain­si, par son trait minu­tieux à l’encre de Chine, le moindre détail avec une méthode arti­sa­nale digne des plus grands des­si­na­teurs (en l’occurrence une loupe sur de grandes feuilles Canson).

Très vite plé­bis­ci­té pour sa très grande pré­ci­sion et sa vir­tuo­si­té (notam­ment pour son immense carte de France qui l’a ren­du célèbre, de manière « virale », en 2019, avec plus de 50 000 abon­nés), Pablo Rai­son a sou­hai­té par­ta­ger « ses » lieux, c’est-à-dire les villes arpen­tées ou décou­vertes pour l’occasion (on retien­dra notam­ment les « por­traits » sai­sis­sants des quar­tiers de Paris, mais aus­si les pers­pec­tives sur Saint-Malo, Avi­gnon, Car­cas­sonne, ou encore Strasbourg).

Pour chaque carte ou vue urbaine, Pablo Rai­son l’accompagne d’un court texte, mêlant ima­gi­naire, urba­nisme et archi­tec­ture, qui met en valeur la dimen­sion patri­mo­niale d’une ville ou d’un monu­ment, ain­si que la manière dont la ville et ses habi­tants (bien qu’invisibles à l’œil nu) s’articulent autour.

Dans un ins­truc­tif cha­pitre intro­duc­tif, Pablo Rai­son, délais­sant pro­vi­soi­re­ment le nombre limi­té de signes propre au célèbre réseau social, explique le pro­ces­sus de créa­tion de ses cartes des­si­nées, en insis­tant sur la com­plé­men­ta­ri­té des cartes de l’IGN et des sys­tèmes d’information (Google Maps, inévitablement).

Une belle manière d’illustrer le récent numé­ro de notre revue (n° 432, juillet-août 2023) consa­cré aux nou­velles façons d’imaginer la repré­sen­ta­tion des villes et des territoires.

Damien Augias