La Terre des Vertus

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La Terre des Vertus

Vincent Lapize
[VraiVrai Films, en salle le 4 juin]

C’est en 1935, au pied du fort d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, que les jardins ouvriers des Vertus ont vu le jour. Les parcelles y sont louées par les habitants alentour sur une surface totale de 14 hectares, qui, au fil des décennies, sera réduite de plus de la moitié.
À l’été 2020, alors que Paris est en passe de redevenir une fête post-Covid, toute la France en pincera bientôt pour les JOP à venir. Toute ? Non ! Un collectif d’irréductibles jardiniers et jardinières résiste encore et toujours aux promoteurs. Et c’est ce combat que le réalisateur Vincent Lapize a décidé de documenter durant quatre années.

C’est une partie de campagne à quelques encablures de la tour Eiffel. Bruissement du vent dans les feuilles des arbres, modestes cabanes de jardin et potagers familiaux, quand, dans cette symphonie de chlorophylle, de grands bras d’acier rouge et blanc font tache. Des grues, oiseaux de mauvais augure, sont à l’œuvre.
Un carton explique que cet îlot collectif est menacé par la construction d’un solarium et d’une piscine d’entraînement pour les JOP 2024 et par le développement du Grand Paris qui va amputer 17 parcelles de jardin. Difficile alors de ne pas penser aux paroles de Jacques Lanzmann et Jacques Dutronc : « C’était un petit jardin/Qui sentait bon le Métropolitain/Qui sentait bon le bassin parisien… »

Pour ces jardins à défendre (JAD) s’organise alors la résistance contre ceux qui « au revers de [leur] veston [portent] une fleur de béton », pour qui connaît la suite de la chanson. Jadistes et jardiniers s’installent alors dans les lieux 24 heures sur 24, alertent le voisinage, organisent des visites guidées et racontent face caméra leur sens du bien commun et de la fête, malgré tout, où l’imagination est reine.
Las ! Cela ne suffira pas à arrêter les mâchoires des tractopelles qui broient du vert à tout va, jusqu’à vomir un terrain de terre nue, brute, vierge de tout végétal. Le cycle reprend : manifestations, occupation, confrontation jusqu’au moment où…

Il ne s’agit pas de divulgâcher, mais plus que le suspens brûlant d’un combat digne de David versus Goliath, Vincent Lapize raconte ici, par la voix de ces protagonistes, que cette manière de combattre, inventive, alternative, collective, est une façon de réenchanter la politique, de mettre en avant le lien humain, et que, simplement, ça fait du bien d’être ensemble. Et pour certains, même, preuve en est faite que si on ne naît pas militant, on le devient.

Frédérique Chatain

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