Marine Le Pen présidente. Dystopie politique, 2026–2029
Guillaume Hannezo, Hakim El Karoui et Thierry Pech
(Les petits matins, 2025, 261 pages, 20 euros)
Comment un livre portant un tel titre peut-il faire l’objet d’une note de lecture dans Urbanisme ? Sans doute parce qu’il est loin d’être un pamphlet politique, n’étant pas un livre d’opinion, mais une analyse froide, très sérieuse et multicritère de ce que donnerait l’application du programme du RN.
Ce qui est en résonance avec le contexte mondial dominé par les décisions récentes du trumpisme à l’œuvre. Mais aussi parce que l’urbanisme est éminemment politique et qu’il concerne toutes les dimensions de notre existence, du quotidien à l’économie, en passant par la santé, la culture et le plaisir de la ville.
L’ouvrage a l’autre avantage d’être une narration non dénuée d’humour, répartissant les rôles gouvernementaux entre RN, Zemmour et Ciotti, mais également LR, qui voit attribuer à Laurent Wauquiez la charge de Premier ministre.
Appliquer le programme se fait autant que faire se peut au regard de la situation tendue de la France. On met d’abord à exécution ce qui ne coûte pas et qui fait du mal aux opposants, en premier lieu la culture, bien entendu, la solidarité et la chasse à l’immigration, en oubliant l’écologie, en rendant caduques toutes les normes environnementales, les contraintes à l’agriculture polluante, les énergies renouvelables, les ZFU (zones franches urbaines) et, naturellement, le « zéro artificialisation nette » (ZAN), passé aux oubliettes.
Si les débuts se déroulent sans trop de mal, l’économie commence à souffrir du départ des immigrés, mais aussi des « racisés », lassés des déboires rencontrés, faisant partir à Dubaï et en Allemagne les cadres de haut niveau et les médecins dont les pratiques peuvent se passer de l’apprentissage de la langue avec l’aide de l’IA…
Il ne faut toutefois pas spoiler la suite tout à fait réjouissante pour aller vers une fin très drôle où le chancelier Merz fera accepter à la Présidente une décision opposée à tout le fondement du RN pour sauver la France, dont le déficit sombre dans des proportions effrayantes.
La Chine, elle, s’en sort merveilleusement, car, contrairement à la nouvelle Amérique, elle continue à développer les énergies renouvelables, les voitures électriques, l’agriculture saine, tous les gages d’une économie triomphante à l’avenir.
La leçon est claire : l’abandon de l’écologie et de la solidarité a un coût non négligeable sur l’économie, la santé, la multiplication des catastrophes, sans oublier la dégradation du territoire, de l’image de la France et de sa place dans le monde. À méditer…
Ariella Masboungi