Se souvenir d’une ville

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Se souvenir d’une ville

Se souvenir d’une ville, actuellement en salle

un film de Jean-Gabriel Périot
Jour2fête

Après son documentaire césarisé en 2023, Retour à Reims [Fragments], qui évoquait le destin des familles ouvrières au XXe siècle (lire notre recension dans le n° 425), Jean-Gabriel Périot s’attèle aujourd’hui à un tout autre sujet : le siège de Sarajevo pendant la guerre de Yougoslavie. Un épisode tragique qui a pu être documenté, avec des moyens dérisoires, par de jeunes cinéastes du cru. La première partie montre les images sans commentaires d’une prison à ciel ouvert, restée coupée du monde de 1992 à 1996, et particulièrement le quartier de Dobrinja, séparé du reste de la ville par la piste de l’aéroport qui matérialisait alors une « frontière entre la vie et la mort ».

À l’écran, des immeubles criblés, des explosions, de la fumée, des combats sur la ligne de front en caméra embarquée, des bains de sang, des enterrements dans des jardins publics, et parfois quelques scènes de fête… Devant et derrière la caméra, les protagonistes, souvent jeunes, étaient des gens parfaitement ordinaires avant que la guerre ne s’abatte sur la capitale bosniaque, à seulement 2 h 30 d’avion de Paris. « Beaucoup se demandent pourquoi immortaliser les détails de nos vies, déclare l’un de ces preneurs d’images. Peut-être que c’est simplement par pessimisme. Au moins, on aura essayé. » Le documentaire nous ramène ensuite à l’époque actuelle, où les auteurs de ces séquences terribles s’essayent à les commenter, chacun leur tour, trente ans plus tard, sur les lieux de leurs tournages, devant la caméra de Jean-Gabriel Périot. Un pèlerinage douloureux pour ces cinéastes qui avaient parfois enfoui ces souvenirs au fond de leur mémoire. « C’est comme un gigantesque puzzle qu’on essaye de reconstituer », souffle l’un d’eux. Certes, le contraste entre les scènes de destruction d’alors et la Sarajevo contemporaine vient nous rappeler que la vie a repris ses droits, mais l’avertissement lancé par un protagoniste à la fin du film laissera le spectateur longtemps songeur : « Qu’ils sachent qu’à la fin du XXe siècle, une ville était assiégée et que l’Europe observait ça depuis de confortables salles de conférences […]. Je voulais dire qu’elle était responsable de tout ça et, qu’un jour ou l’autre, le fascisme viendrait frapper à sa porte. »

Rodolphe Casso

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