Vers une ingénierie territoriale renouvelée : un levier stratégique pour accompagner les transitions
Brigitte Bariol-Mathais, déléguée générale de la Fédération nationale des agences d’urbanisme (Fnau), plaide pour la nécessité d’une ingénierie territoriale qui s’appuie sur les dynamiques locales et prenne en compte la diversité des contextes territoriaux et des ressources en présence. Et ce, pour faire face efficacement aux défis de la transition climatique, de l’inclusion sociale ou de la résilience économique.
L’ingénierie territoriale occupe une place clé dans la fabrique des territoires. À la veille du renouvellement des équipes municipales et intercommunales, la galaxie de l’ingénierie territoriale est aujourd’hui questionnée. En réponse à la décentralisation accrue des compétences et à la transformation de l’action publique, elle doit se réinventer pour répondre à des exigences croissantes. Construire une ingénierie fondée sur la coopération entre de multiples acteurs publics, privés et associatifs apparaît comme un levier essentiel pour une action territoriale efficace, innovante et adaptée à la complexification des enjeux afin d’accompagner la construction des territoires de demain.
La décentralisation des compétences a transformé l’ingénierie territoriale
Les grandes lois de décentralisation des années 1980 ont conduit au désengagement progressif de l’État de l’ingénierie opérationnelle déconcentrée, qui jouait à la fois un rôle réglementaire et de prestation technique auprès des collectivités, parfois source de contradictions. En parallèle, dans un objectif de plus grande souplesse et efficacité, l’État a progressivement confié à ses opérateurs nationaux sous tutelle – Anah, Ademe, Anru, Cerema, ANCT, OFB (1), notamment – la mission de portage de politiques publiques et de programmes spécialisés, mais aussi d’une « offre de services » d’accompagnement des autorités locales.
Parallèlement, les collectivités territoriales – régions, départements, intercommunalités et communes – ont vu leurs compétences s’élargir dans des domaines clés : aménagement, mobilité, transition écologique, logement… Elles ont étoffé et réorganisé leurs services pour y répondre, mais elles ont aussi largement investi dans des outils d’ingénierie mutualisée, structurés au fil des décennies : les agences d’urbanisme, CAUE (conseils d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement), parcs naturels régionaux, entreprises publiques locales… Ces dispositifs témoignent d’une volonté partagée de construire une ingénierie locale, axée sur la coopération et adaptée aux spécificités des territoires.
Le déficit d’ingénierie est régulièrement souligné comme un frein majeur pour la conduite des projets.
L’ingénierie territoriale privée s’est également largement développée sous des formes diverses de grands groupes nationaux de conseil sur le développement territorial, de bureaux d’études, d’expertises spécialisées, notamment sur le champ environnemental, mais aussi de formes plus informelles d’associations, de collectifs et de réseaux de recherche en connexion avec les territoires, et dont le rôle est souvent sous-estimé.
Brigitte Bariol-Mathais
Lire la suite de cette tribune dans le numéro 445 « Élu(e)s locaux » en version papier ou en version numérique

Crédits : Fnau, Lila Castillo
Note :
1/ Agence nationale de l’habitat ; Agence nationale de la transition écologique ; Agence nationale pour la rénovation urbaine ; Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement ; Agence nationale de la cohésion des territoires ; Office français de la biodiversité.





