Une équation de plus en plus complexe

Pour Marie-Odile Farineau, directrice du réseau Scet, et Christophe Lasnier, directeur général adjoint du groupe Scet, entre de fortes attentes citoyennes et des contraintes exponentielles, les futurs élus auront-ils encore des marges de manœuvre pour agir ?

Les attentes des Français ont toujours été importantes vis-à-vis des futurs élus locaux. Elles le seront encore en 2026. Ces attentes sont foisonnantes, créatives, parfois déraisonnables, voire contradictoires. Plus de proximité et de lieux physiques, bien souvent peu de citoyens et d’usagers qui les fréquentent. Plus de concertation pour définir les politiques publiques, peu de mobilisation réelle et massive lors des concertations menées sur les territoires. Plus de services, plus de sécurité, moins de dépenses publiques et moins d’impôts.

Face à ces attentes multiples, les futurs maires et exécutifs des intercommunalités vont devoir s’adapter avec des contraintes budgétaires, organisationnelles et humaines toujours plus lourdes et qui limitent petit à petit leurs réelles capacités d’action. Avec le risque de se retrouver dans l’incapacité partielle ou totale de déployer leur vision politique. À la différence des précédents mandats et compte tenu de cette nouvelle donne, les nouveaux élus de 2026 vont d’abord devoir prioriser l’identification de marges de manœuvre au sein de leur collectivité et de leur territoire avant de pouvoir lancer de nouveaux projets.

Des attentes citoyennes fortes et multiples

Les Français attendent toujours davantage de leurs élus locaux, jugés plus proches et plus concrets que l’État. La première grande attente est la transition écologique, désormais prioritaire pour 70 % des citoyens selon l’Ifop. Ils souhaitent des actions locales visibles : rénovation énergétique, mobilités douces et urbanisme durable. La sécurité reste également un pilier incontournable. Plus de 75 % des Français jugent qu’elle doit être renforcée dans leur quartier, alors même que les maires signalent un sentiment d’impuissance face aux incivilités. L’accueil de nouvelles entreprises, la création d’emplois et la redynamisation des centres-villes font partie des priorités exprimées par les Français. Alors que 34 % des commerces de centre-ville ont disparu en vingt ans, de nombreuses communes rurales expérimentent des aides aux loyers ou des tiers-lieux pour éviter la désertification.

L’accès à la santé et aux services publics est également plébiscité dans les sondages les plus récents tant ils font partie du quotidien. Sept millions de Français vivent dans un désert médical selon l’Ordre des médecins. Face à cela, des solutions locales se multiplient au-delà du déploiement de 4 000 maisons de santé pluriprofessionnelles d’ici à 2027 : centres de santé mobile, livraison de médicaments par La Poste, aides et dispositifs locaux pour favoriser l’attractivité pour les jeunes praticiens… Bien d’autres pans de l’action publique sont aussi attendus par les Français pour améliorer la qualité, le maintien et même la création de services publics de proximité (écoles, mobilité, commerces), d’entretien et de sécurisation de la voirie et des espaces publics, de revitalisation des centres-villes et des centres-bourgs, de soutien aux communes rurales ou encore de gestion des finances locales et de fiscalité maîtrisée. Une liste d’attente longue, souvent légitime, pour améliorer la qualité de vie du quotidien des habitants.

Les défis du quotidien

Face à ces attentes, les élus locaux se trouvent de plus en plus confrontés à une équation financière, organisationnelle, institutionnelle, technique de plus en plus complexe à résoudre. Même si la situation financière du bloc communal reste saine et que le niveau d’investissement continue de progresser (+10,7 % en 2024 par rapport à 2023), l’effet ciseau devrait s’accentuer en 2025 avec une augmentation des dépenses de plusieurs points supérieure à celle des recettes et donc une épargne nette en forte chute (-15,8 % entre 2023 et 2024).

Lire la suite de cette tribune dans le numéro 445 « Élu(e)s locaux » en version papier ou en version numérique

Crédits : D. R., Lila Castillo 

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