Le logement, cet éléphant dans la pièce

Julien Meyrignac, urbaniste associé chez Public(s), évoque la très épineuse question du logement, entre les situations dont les élus héritent, les crises qui interviennent, l’éternel casse-tête du logement social, la gestion du stock de logement vacant… Si les solutions théoriques sont connues, la pratique reste à la peine.

Vous, qui vous apprêtez à briguer les suffrages en vue de votre réélection ou à proposer une alternative à l’équipe sortante et à son bilan, le savez bien : la question du logement est sans aucun doute une des plus périlleuses qui soit posée à un exécutif municipal ou intercommunal.

Car si le logement est partout, irriguant toutes les politiques publiques (urbanisme, économie, mobilités, solidarités), il est surtout – le plus souvent – nulle part ailleurs que dans des programmes locaux de l’habitat (quand ils existent) aux visées lénifiantes et dispositions génériques, ou dans des services publics « guichets » locaux, occupés à climatiser la surchauffe de la demande. Autrement dit, dans les compromis avec l’État et les gages à donner à l’opinion publique. Oui, c’est une description caricaturale ; oui, il y a des collectivités qui y échappent, mais avouons-le, puisque nous sommes entre nous : c’est quand même ça le constat le plus courant.

Or, dès le lendemain de votre élection, vous allez être interpellé(e), parfois vigoureusement, par vos concitoyens sur certaines problématiques saillantes auxquelles vous allez bien devoir répondre. Sur certaines, vous n’aurez que peu de prises, ou alors très insuffisantes : comme le mal-logement, cet « héritage » qui concerne tous les territoires (seules les formes varient selon les contextes), ou la crise de l’immobilier et de la construction, qui semble éternelle, et aux enjeux multiples (pas assez de nouveaux logements, pas les bons logements, pas les bons prix). Sur d’autres, vous aurez l’impression de marcher sur le feu, comme lorsqu’il sera question du logement social au sens large, qui est à la fois attendu (pour soi, les siens) et rejeté (quand il concerne les autres) par les habitants de votre collectivité.

Les interpellations proviendront aussi des acteurs économiques de votre territoire qui vous saisiront des impacts des questions de logement sur le dynamisme de leurs activités et, parfois même, la viabilité de leurs entreprises : comment loger les actifs en général, et certaines catégories en particulier (apprentis/ alternants, saisonniers, etc.) ? Mais ce n’est pas tout, vous allez également être entrepris(e) par les professionnels de l’acte de bâtir qui viendront vous présenter des demandes que vous pourrez trouver parfois contradictoires : plus d’intervention publique sur le prix du foncier (à condition qu’il soit bien mis au profit de leur activité libérale concurrentielle), mais aussi plus de libéralité sur les règles d’urbanisme et droits à bâtir (pour optimiser les programmes et les bilans).

Notre société vient, en moins de deux générations, de connaître des évolutions sociologiques majeures dans les sphères privée et professionnelle, qui ont produit des impacts fondamentaux sur les modes d’habiter.

Julien Meyrignac 

Lire la suite de cette tribune dans le numéro 445 « Élu(e)s locaux » en version papier ou en version numérique

Crédit : Lila Castillo, S. Fréjoux

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