Quel bénéfice des cours Oasis sur la santé des enfants ?

Végétalisation, désimperméabilisation, nouvelle pédagogie… avec le projet Oasis, les cours parisiennes sont devenues des îlots de fraîcheur au cœur des quartiers. Leurs bénéfices profitent avant tout aux enfants, sous de nombreux aspects, notamment en matière de santé physique et mentale.

 

Depuis 2017 et les premières expérimentations, plus de 200 cours Oasis ont été créées dans la capitale à l’été 2025, soit un rythme de croisière d’environ 35 cours par an, notamment grâce au soutien de l’Union européenne et son initiative UIA (Urban Innovative Actions), obtenu par la Ville de Paris et ses partenaires en 2018. Avec plusieurs années de recul et de pratiques, il est aujourd’hui possible de tirer de premières conclusions sur les bénéfices de ces installations innovantes, désormais préférées aux surfaces bitumées garnies de quelques arbres qu’étaient les cours d’écoles parisiennes « traditionnelles ».

Pour Charlotte Van Doesburg, cheffe de projet cours Oasis au conseil d’architecture d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) de Paris, les impacts positifs portent davantage sur la santé mentale que physique des enfants, « même si d’un point de vue santé physique, les résultats ont complètement rejoint les attentes du programme 30’APQ [pour 30 minutes d’activités physiques quotidiennes, ndlr] du ministère de l’Éducation nationale (1). Car, justement, les cours Oasis font bouger les enfants : on grimpe, on saute, on escalade, on glisse et on court, mais de façon plus complexe que dans une cour ordinaire dépourvue de structures ».

Un autre bénéfice physique des cours Oasis repose sur un constat moins attendu : « Les écoles qui se sont approprié au mieux les cours enregistrent moins d’accidents, affirme Charlotte Van Doesburg. Certains directeurs nous ont même expliqué avoir supprimé le cahier où on notait les bobos. » Car, paradoxalement, si une cour Oasis est parsemée d’obstacles (bacs à sable, buttes, cabanes, bancs, gradins, zones ludiques, jardinières, cheminements), les enfants font beaucoup plus attention dans leurs déplacements que dans une cour « vide », où ils ont tendance à courir plus vite. De plus, les cours Oasis prévoient un accès accru à l’eau potable, ce qui ne peut avoir qu’un impact positif sur la santé, surtout en cas de grosses chaleurs.

Des enfants plus sereins

En termes de santé mentale, le projet Oasis portant des ambitions de reconnexion avec la nature, il apparaît que « les enfants sont plus sereins et donc plus aptes aux apprentissages en classe », explique la cheffe de projets du CAUE 75, en se basant sur les remontées des établissements. Un autre point important pour la santé mentale est celui du bruit généré par la récréation, qui provoque beaucoup de gêne et de stress. Une étude acoustique menée en 2019 pour la Ville de Paris à l’école élémentaire Émile-Levassor (13e arrondissement), avec trois points de mesure disséminés dans la cour, a permis de constater les différences sonores avant et après les travaux d’aménagement Oasis.

Le document stipule que « la baisse des niveaux de bruit LAeq (2) – en considérant la moyenne arithmétique des journées entières – est d’environ 3,0 dB(A), et ce pour les 3 points de mesurage. […] En moyenne, le nombre d’évènements bruyants a été divisé par 2 environ, et ce, quel que soit le point de mesurage ». Et l’étude de conclure que « les aménagements ont donc entraîné une baisse importante des niveaux de bruit et une diminution substantielle du nombre d’évènements bruyants lors des périodes de récréation ». Là aussi, l’explication peut surprendre : « La raison est liée à la diminution des conflits entre enfants, pointe Charlotte Van Doesburg. Les enseignants nous ont dit que dans les cours Oasis, ils jouent beaucoup plus et se disputent moins : ils se répartissent davantage dans les différents espaces, chacun trouvant quelque chose à faire, ce qui génère moins de conflits. »

Rodolphe Casso 

Lire la suite de cet article dans le numéro 446 « Territoires du soin » en version papier ou en version numérique

Couverture : Mathieu Persan 

Photo : La cour Oasis de l’école maternelle Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris, crédit : Vincent Guiné/CAUE de Paris

Notes :

1/ Soutenu par le président de la République et devenu une politique prioritaire du Gouvernement, le programme 30’APQ a été généralisé en 2022 dans les écoles primaires.

2/ LAeq : niveau (Level, en anglais) continu équivalent exprimé en dB(A) qui correspond au niveau sonore moyen sur une période déterminée.

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