Géopolitique du climat. Les relations internationales dans un monde en surchauffe
François Gemenne
(Armand Colin, 2021, 216 pages, 23,90 euros)
À l’heure de l’accélération du réchauffement climatique, ce manuel didactique est à mettre dans toutes les mains. Écrit par François Gemenne, spécialiste belge des questions de géopolitique de l’environnement et des migrations, enseignant à Sciences-Po Paris, chercheur à l’université de Liège et expert du Giec, cet ouvrage fait en effet le point sur l’enjeu international des politiques du climat.
Car le climat n’est pas qu’une simple question environnementale et scientifique, il est devenu à la fois un objet de relations internationales et un défi de la diplomatie multilatérale – comme l’illustrent le Protocole de Kyoto (1997), l’échec de la COP15 à Copenhague (2009) ou le succès de la COP21 à Paris (2015).
Cette importance est à mettre en rapport avec son écho de plus en plus puissant auprès de la société civile (du moins dans la plupart des pays industrialisés) et en lien avec ses conséquences sur le monde de demain. Il s’agit aussi d’un objet de mobilisation, notamment de la jeunesse, dans une perspective transnationale et transpartisane, au vu de l’urgence à agir.
Or, ce que montre notamment ce livre, avec une grande précision, c’est la forte cohérence entre tous les grands enjeux du XXIe siècle (démographie, migrations, sécurité, développement) dans leur rapport à la question du changement climatique.
Après une fine analyse de la géographie des émissions de gaz à effet de serre – bien entendu inégalement réparties dans le monde, suivant leur développement industriel en particulier – et de leurs impacts (hausse du niveau des mers, sécheresses, inondations, baisse des récoltes agricoles, menaces sur la santé publique, multiplication des catastrophes naturelles…), François Gemenne insiste logiquement sur les enjeux de coopérations et de négociations, sans oublier de consacrer un dernier chapitre passionnant aux solutions politiques et diplomatiques pour redresser les trajectoires de réchauffement climatique (ériger le climat comme bien public mondial, trouver un commun objectif à atteindre, en répartissant les efforts par pays et en modulant des stratégies d’adaptation, en recherchant une forme de justice sociale et d’équité).
Cela peut être plus ou moins connu, mais cette lecture a l’immense mérite de démontrer que la gouvernance internationale du climat passera inévitablement par d’importants choix collectifs, le plus rapidement possible.
Damien Augias