« Il faut aller au-devant des populations qui en ont le plus besoin »
Directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) Provence-Alpes-Côte d’Azur, Yann Bubien revient sur les grandes problématiques d’un territoire extrêmement contrasté et évoque les actions de l’agence en faveur de l’accès aux soins, notamment dans les quartiers prioritaires de la ville (QPV).
Quelles sont les principales problématiques de la région en matière de santé ?
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est parmi les mieux dotées de France en nombre de professionnels de santé. Sur les six départements, nous avons 105 médecins généralistes pour 100 000 habitants alors que la moyenne nationale est de 85. Et pour les infirmiers libéraux, le chiffre est de 250 pour 100 000, bien au-delà de la moyenne française, qui est de 150. Toutefois, la répartition territoriale est très inégale, avec une abondance d’offres de soins sur le littoral méditerranéen et une situation beaucoup plus problématique pour l’accès aux soins dans l’arrière-pays niçois, les Alpes-de-Haute-Provence, le Haut-Var ou le Luberon.
Les inégalités territoriales sont donc plus fortes chez nous qu’ailleurs, tout comme les inégalités sociales avec un taux de pauvreté de 17 % [la moyenne française était de 15,4 % en 2023, selon l’Insee, ndlr] et de nombreux quartiers prioritaires de la politique de la ville [QPV] sur lesquels l’ARS [agence régionale de santé] travaille. Nous avons aussi un enjeu important de vieillissement de la population car, comme tout le monde le sait, beaucoup de retraités viennent s’installer dans la Région Sud. En 2050, nous compterons un million d’habitants de plus de 75 ans.
Quelles actions l’ARS mène-t-elle pour lutter contre les inégalités, et notamment dans les QPV ?
J’ai récemment accompagné plusieurs fois Juliette Méadel, ministre déléguée chargée de la Ville [du 23 décembre 2024 au 5 octobre 2025], dans des QPV, pour aider à l’installation de médecins dans les zones les plus difficiles et mettre en place de nouveaux centres de santé. Depuis un an, nous en avons créé trois dans les quartiers nord de Marseille. Je citerai l’exemple du Château en santé, créé dans une ancienne petite bastide du 15e arrondissement, qui propose de la médecine générale et une paramédicale (psychologues, kinésithérapeutes, infirmiers, assistantes sociales), ou encore celui du centre de santé la cité des Flamants (14e), ouvert fin 2023, développé avec l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille (AP-HM) et la Ville.
De plus, une grande réforme en cours prévoit que la quatrième année d’internat des internes de médecine générale se déroule, pour une partie d’entre eux, dans les zones où on a le plus besoin d’eux. À partir du 1er novembre 2026, les premiers docteurs juniors ambulatoires [DJA] se déploieront dans toute la France. Nous en attendons 500 dans notre région et allons prioriser leur installation dans les zones d’intervention prioritaire [ZIP], les zones d’action complémentaire [ZAC] et les QPV : soit tous les quartiers qui en ont le plus besoin, des zones populaires aux zones rurales. Nous espérons évidemment, si le cadre de travail et de vie leur plaît, que ces jeunes médecins y restent plus longtemps encore.
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Couverture : Mathieu Persan
Crédit : D. R.





