À quoi sert la géographie ?
Perrine Michon, Jean-Robert Pitte (dir.)
Presses universitaires de France, 2021,
442 pages, 25 euros
À l’occasion du bicentenaire (!) de la Société de géographie, la française étant la plus vieille au monde, son président Jean-Robert Pitte, professeur émérite à la Sorbonne, a eu la bonne idée de réunir dans un ouvrage collectif, qu’il dirige avec Perrine Michon, maître de conférences à l’université de Paris-Est-Créteil, des contributions d’horizons divers (géographes bien sûr, mais aussi historiens, politistes, écrivains…) à propos des différents champs et potentialités de la géographie hier, aujourd’hui et demain.
Alors que certains la voient désormais, bien à tort, comme un « parent pauvre » des sciences sociales, la géographie est au contraire à la confluence des savoirs sur « l’Homme et la Terre » (pour reprendre le titre du célèbre traité d’Élisée Reclus, génial géographe et anarchiste français), remise au goût du jour par l’importance du changement climatique et la problématique de l’anthropocène, bien sûr, mais aussi par la révolution numérique provoquée par les systèmes d’information géographiques et de géolocalisation en temps réel. Il ne faut pas non plus oublier le lien qu’elle a établi de longue date avec la littérature et les récits de voyage, comme l’illustrent à la fin du livre les entretiens avec Erik Orsenna, Michel Bussi, Jean-Baptiste Maudet, Emmanuel Ruben, Jean-Louis Tissier et Antoine de Baecque.
Histoire de la discipline des origines à nos jours (Paul Claval), nécessité d’une géographie de l’environnement (Sylvie Brunel, Paul Arnould), actualités géopolitiques (Béatrice Giblin), lien avec l’action publique et, en particulier, avec l’aménagement du territoire et l’urbanisme (Anna Geppert), ainsi qu’avec la démographie (Gérard-François Dumont), sans oublier les sensibilités (Jean-Robert Pitte)… Comme on le voit, les thèmes évoqués par l’ouvrage sont vastes et passionnants, laissant sa juste place à la question de l’enseignement de la géographie, à l’école comme dans les formations professionnelles, ainsi qu’à celle de son rapport aux Français (sondage de l’Ifop décrypté par Jérôme Fourquet), pas si fâchés avec elle. Alors qu’elle est incontournable pour comprendre (et changer) le monde, la géographie tend cependant à être délaissée, y compris par la jeunesse. Puissent cet ouvrage et la Société de géographie œuvrer à diffuser son utilité !