Romain Quirot
(Tandem Films)
Le cinéma évoque régulièrement la mythologie criminelle des villes occidentales, du Chicago de la prohibition au Los Angeles des gangs, du Naples de la Camorra au Palerme de la Cosa Nostra… Mais il est plus rare qu’il se penche sur l’histoire criminelle de Paris, qui n’est pourtant pas en reste en la matière. Ce dont se charge Romain Quirot en évoquant les Apaches, bandes de jeunes truands des années 1900, nichés sur les hauteurs de Belleville et Ménil’muche, qui semaient la terreur chez les Parisiens et donnaient du fil à retordre à la maréchaussée.
L’histoire suit Billie (Alice Isaaz), gamine des rues, au moment où elle sort de prison pour le meurtre de son meilleur ami, qu’elle n’a pas commis. Le fautif est en réalité Jésus (Niels Schneider), chef des Apaches, à qui elle rêve de régler son compte. Mais le caïd est difficile d’approche, toujours entouré de sa bande de truands et de prostituées. Déterminée et porteuse elle-même d’une certaine violence, elle va infiltrer le gang pour se rapprocher de sa cible…
Certes, Apaches n’offre pas un spectacle tel qu’Il était une fois en Amérique, la grande référence de Romain Quirot, ou Gangs of New York, dont il semble aussi s’inspirer. Mais avec un budget de 6 millions d’euros, force est de constater que la reconstitution du Paname des années 1900 est convaincante, tout comme les costumes et les « gueules » de sa bande de voyous.
On s’interroge cependant sur la pertinence d’une bande originale rock’n’roll totalement anachronique, à la manière de la série britannique Peaky Blinders (que le réalisateur colle parfois d’un peu trop près). « Les Apaches, personnages anarchistes, bigarrés et pleins d’éclat ont une dimension punk que je devais assumer, explique Romain Quirot. Aussi, il y a dans mon film quelque chose d’électrique, des anachronismes délibérés et totalement assumés. » Comme lors de la première scène où l’actrice Sarah Bernhardt passe un sale quart d’heure… Construit comme une fable, Apaches est un objet pop et pulp, à ne pas prendre au premier degré, ni sur le fond, ni sur la forme.
Rodolphe Casso