Christos Massalas
Le Pacte, actuellement en salles
En plein centre d’Athènes, une salle de spectacle abandonnée répond au nom de Broadway. Loin de ressembler aux théâtres clinquants de la Grosse Pomme, ce lieu déliquescent est squatté par une compagnie de brigands vivant chichement de menus larcins et passant le plus clair de leur temps sur la terrasse du bâtiment dominant la métropole grecque. Le petit gang est bientôt rejoint par Nelly, une danseuse en fugue recrutée par Markos, cerveau de la bande. Celle-ci met alors au point une nouvelle arnaque en se produisant dans la rue pendant que ses complices détroussent discrètement les spectateurs.
Mais l’équilibre de la communauté est bouleversé lorsque qu’échoue à Broadway un jeune homme grièvement blessé, prénommé Jonas. Il est recherché par Maraboo, le parrain de la ville, pour être le seul à connaître son identité. Découvrant les talents de danseur de Jonas, Nelly décide de le grimer en femme et de l’appeler Barbara. Ensemble, ils vont monter un nouveau spectacle de rue pour abuser les passants, sans plus risquer que Jonas ne soit repéré par la pègre. Croient-ils…
Cinéaste de « la dégradation du cadre urbain », le grec Christos Massalas rend hommage à sa capitale, peu explorée au cinéma, et aborde en creux la place de l’artiste dans la ville. Formant une sorte de résidence sauvage, la bande de Markos, qui n’est pas sans rappeler celle des voleurs d’Oliver Twist, se voit condamnée à la marginalité dans une cité qui se remet elle-même d’une crise nationale. Quand on sait que la culture, ce pan « non essentiel » de nos vies, est souvent le dernier secteur aidé après une crise économique (la France fait en cela figure d’exception en Europe), les acteurs du spectacle en seraient donc réduits à voler pour manger, tels des parasites parqués dans leurs théâtres lépreux.
Il faut préciser que le Broadway existe réellement. En découvrant le lieu, Massalas a décidé d’en faire « la co-star du film », à égalité avec Athènes : « Dans le film, la ville est à la fois sombre et colorée, bestiale, parfois en ruine, et parfois en cours de restauration, raconte le réalisateur […] Ce qui rend la ville gigantesque dans mon esprit, c’est peut-être le manque de cohérence, le fait de ne jamais savoir quelle image on va rencontrer dans la prochaine ruelle, et de ne pas savoir ce qui peut vous arriver. »