Développement territorial. Repenser les relations villes-campagnes
Magali Talandier
(Armand Colin, 2023, 256 pages, 24 euros)
Bien connue pour ses travaux d’économiste avec Laurent Davezies, Magali Talandier (professeure à l’université Grenoble-Alpes) avance avec ce manuel une synthèse des modèles de développe- ment territorial ainsi qu’une fine analyse de leurs impacts sociaux et environnementaux en France. Proposant à la fois une vision historique du XIXe au XXe siècle, il se concentre en particulier sur l’avènement de la métropolisation en France, depuis trois décennies, en tant que moteur et conséquence d’une société mobile, produit d’un système productivo-résidentiel intimement lié au processus de mondialisation de l’économie. Insistant sur les limites de la métropolisation institutionnelle, Magali Talandier s’intéresse plus précisément aux métropoles fonctionnelles comme acteurs collectifs d’une nouvelle économie résidentielle et productive, qui n’est pas sans engendrer de multiples fractures entre territoires (urbain-rural, mais aussi au niveau périurbain) et d’importantes inégalités sur le plan social.
Contestant l’effet de ruissellement des métropoles sur les autres territoires, l’ouvrage montre ainsi que la métropolisation est un processus économique et urbain qui profite à des catégories d’acteurs très mobiles (et pas toujours actifs, puisque Magali Talandier s’attarde sur le poids économique et la géographie résidentielle des retraités), créant des discriminations par la mobilité sur le plan social et économique. De plus, revisitant la théorie de la base économique, le livre fait preuve de pédagogie en reprenant d’anciens travaux universitaires sur la définition et la mesure des systèmes productivo-résidentiels, jusqu’à réinterroger les mécanismes de péréquation et de réciprocité territoriale (qui visent à créer « une communauté de destin entre les villes et leur hinterland »).
Enfin, dans une dernière partie plus prospective, Magali Talandier propose de mettre en perspective la transition vers de nouveaux modèles de développement territorial, à la fois sur le plan conceptuel (en s’appuyant sur les transition studies), mais aussi d’un point de vue plus opérationnel en renouvelant les outils d’observation et de pilotage de la croissance au niveau local ; ce qui pose la question des « indicateurs de richesse » alternatifs au PIB, pour aller vers des objectifs de développement durable, voire des indicateurs de bien-être territorialisés.
Damien Augias