Gustave Kervern, Benoît Delépin Ad Vitam, actuellement en salles
Avec un titre reprenant l’adage phare du candidat Emmanuel Macron lors des élections présidentielles de 2017, l’approche du nouveau film de Gustave Kervern et Benoît Delépine ne pouvait être que politique. Les deux trublions nous font entrer dans l’univers impitoyable d’une ville de province dont le maire, Didier Béquet (Jonathan Cohen), peine à cacher son racisme, sa misogynie et son machisme derrière son étiquette « droite divers extrême centre ». Le projet phare de son mandat est la création de « Citizen Park », une base de loisirs « écologique » qui sent le greenwashing à plein nez (elle doit être érigée en lieu et place d’une forêt primaire…). Reste l’argument massue de Béquet : les 200 emplois pour le territoire que générerait le complexe.
Pour parvenir à faire voter le projet, Béquet n’a d’autre choix que de courtiser l’élu écologiste Pascal Molitor (Vincent Macaigne), espérant faire de lui sa caution verte. Dans sa catégorie, Molitor répond également à une belle série de clichés : mou, indécis, pleutre et, surtout, terrifié à l’idée que la moindre de ses décisions n’ait un impact sur la planète – comme lorsqu’il confesse, mortifié, avoir acheté une machine Nespresso. Reste que l’édile, contrairement à Béquet, fait preuve d’une grande intégrité, quitte à passer pour un type assommant. Une employée de mairie lui assène même : « On s’amusait plus avec l’ancien maire ! Lui nous glissait un billet dès qu’il attribuait un permis de construire ! »
À l’issue d’un dîner sans viande, Béquet et Molitor entendent sceller leur union par un dernier verre dans un bar à hôtesses (baptisé le « FMI »). C’est là qu’ils seront victimes d’une fausse escort girl, mais vraie militante féministe, qui va littéralement les « coller » l’un à l’autre. Toute la nuit, les deux élus vont devoir, tels deux siamois, traverser la ville à la recherche d’un moyen pour se séparer. Cette cohabitation forcée ne sera pas sans impact sur leurs images, leurs relations et leurs vies respectives, sachant que c’est le lendemain matin que le projet « Citizen Park » doit être voté…