Interterritorialité(s), aménagement et métropolisation. Regards croisés en région montpelliéraine
Laurent Viala (dir.)
(Éditions de l’Espérou, 2023, 296 pages, 24 euros)
L’interterritorialité est-elle la bonne échelle spatiale et de gouvernance pour se donner des chances de réussite face aux transitions métropolitaines en cours et à venir ? Voilà le questionnement guidant cet ouvrage collectif qui croise géographie, décryptage historique et sociologie urbaine, en prenant comme terrain d’étude la métropole de Montpellier et son système de villes en réseaux.
Montpellier ressemble à un cas d’école : ce territoire ne peut être compris qu’à travers ses dynamiques territoriales qui (pour la plupart) la dépassent et sur une construction politique qui a, tour à tour, oscillé entre mise en concurrence et recherche de synergies. Montpellier « la surdouée » s’est construite en partie contre son environnement ; Montpellier « l’actuelle » se construit avec.
Livre composite, assemblage de textes vus comme autant de « matériau brut, susceptible d’être investi par la recherche », ils n’en sont pas moins des témoignages de la richesse des évolutions et projets en cours sur l’arc languedocien. Les premières pages sont d’emblée intéressantes et éclairantes.
Car au-delà du regard porté sur la région montpelliéraine (de manière didactique et sous des formes différentes tout au long du livre), cette partie méthodologique permet de comprendre comment fonctionne de l’intérieur le dispositif POPSU Métropoles, dans lequel s’intègrent ces éléments de recherche.
Nous rentrons dans les coulisses d’une production scientifique difficile dans sa pluralité et synthèse. Avec ces pages, les auteurs tentent de réconcilier le monde de la recherche et de l’aménagement en narrant les différentes étapes de coconstruction, de rencontres, de production des éléments de discours. L’intérêt réside dans les freins au dispositif avoués et non cachés au lecteur (avec toutes les difficultés à mener une recherche-action sur le temps long). Ces éléments de cadrage permettent de profiter d’autant plus du corps du livre qui questionne le fait métropolitain dans son ensemble : construction, enjeux, prospective…
Une dernière partie attire l’attention par l’exercice de géoprospective surprenant qui laisse place à l’imaginaire entre hyperloop métropolitain, robotique, journal du quotidien et rétrospective d’un journal futuriste publié en 2122.
Elias Sougrati