Damien Deville
(Édi­tions Le Pom­mier, 2023, 164 pages, 18 euros)

 

L’anthropologue de la nature Damien Del­ville a fait d’Alès son ter­ri­toire de recherche pen­dant cinq ans. Dans cette ville moyenne du Gard abî­mée par la dés­in­dus­tria­li­sa­tion, des jar­dins fami­liaux ont été créés en 1916, sous l’impulsion de l’abbé Lemire, père fon­da­teur de ce modèle de culture.

Deve­nu le « sym­bole du patri­moine ouvrier », ces terres culti­vables sont avant tout des lieux de socia­li­sa­tion, vec­teurs d’une rou­tine à l’instar du sala­riat. « Face à cette cam­pagne qui se ferme, aux per­sonnes les plus pauvres, les jar­dins sont ces lieux où se forge une nou­velle réciprocité. »

Il a ain­si ren­con­tré des indi­vi­dus qui ont retrou­vé un sens à leur quo­ti­dien dans ces jar­dins, espaces de libé­ra­tion et d’émancipation qui les sauvent aus­si des fins de mois dif­fi­ciles. Dans ces villes moyennes en déshé­rence, la solu­tion ger­me­rait-elle dans cette « éco­lo­gie de la précarité » ?

Mai­der Darricau