La Vie plus belle ?
« Retour sur vingt ans de rénovation urbaine »
Avec un clin d’œil à la série Plus belle la vie, tournée à Marseille, le titre de cet ouvrage à deux voix annonce une partie de son contenu qui est bien consacrée à la cité phocéenne.
En effet, Nicolas Binet, un des deux auteurs, a dirigé pendant plus d’une dizaine d’années le GIP Marseille Rénovation urbaine qui conduisait les projets de transformation des cités marseillaises. Il propose ici un regard à la fois personnel et professionnel sur « ces morceaux de ville qui décrochent » et qui comportent un nombre très important de copropriétés de plus de 100 logements, datant des années 1960 (voir le numéro 413 d’urbanisme, été 2019). C’est un témoignage précieux sur une réalité complexe, souvent présentée de manière caricaturale comme tout ce qui concerne la ville de Marseille. Le bilan de la rénovation urbaine dans les quartiers nord est forcément nuancé, même si Nicolas Binet souligne que l’intervention de l’Anru a contribué à changer la donne dans plusieurs cités. Mais il appelle à relativiser « l’apport d’un réinvestissement sur le cadre urbain » et « à tenter de comprendre l’ensemble des mécanismes qui renforcent ou dissolvent la cohésion urbaine et sociale ». Pour lui, « le repli communautaire fait feu de tout bois ».
Yves Laffoucrière, qui a notamment dirigé Immobilière 3F, un des principaux bailleurs sociaux français, a une connaissance pointue des processus de dévalorisation des quartiers et du rôle des organismes HLM. Il relève que « face aux phénomènes de ghettoïsation et de relégation, les propriétaires des logements sociaux – coopératives, offices publics (OP) et sociétés anonymes (SA) d’HLM – se sont trouvés de plus en plus démunis dans les années 2000 ». D’où le rôle décisif joué par la création de l’Anru (en 2004) et le lancement du Programme national de rénovation urbain (PNRU) qui ont notamment permis « une vague de réalisations ambitieuses » pour 3F, particulièrement en Ile de- France. Yves Laffoucrière nuance cependant une vision trop rose de cette dynamique en différenciant « Les grands temps de l’Anru ». Après « Les premiers emballements » (2004–2011) viendront « Les premiers questionnements et ajustements » (2011–2018) avant une relance de l’action de l’Anru depuis 2018.
Les deux auteurs l’affirment : « Si nos angles de vue diffèrent, ils ne divergent pas. » Pour eux, « il y a bien un avant et un après Anru ».
Nicolas Binet et Yves Laffoucrière, série « Les rencontres palladiennes », coll. « Bibliothèque des territoires », L’Aube, 2020
140 pages, 18 euros