Le Retour des frontières
Géographe et ancien diplomate, Michel Foucher est connu pour ses ouvrages sur la prégnance géopolitique des frontières (Fronts et Frontières, 1988 ; L’Obsession des frontières, 2012). Son dernier opuscule sur Le Retour des frontières part du constat du regain de la fonction protectrice des frontières dans le récent contexte de la pandémie de Covid-19. Au-delà de ce point de départ, l’analyse élargit la focale à la réaffirmation des frontières depuis quelques années sur la scène internationale, notamment en réponse à la vague migratoire vers l’Europe à partir de 2015.
Contrairement à ce que l’auteur analyse comme une rhétorique « sans-frontiériste » (très en vogue en Europe dans les décennies 1990 et 2000), le monde connecté et « globalisé » n’a pas effacé les frontières, mais les a rendues finalement plus visibles et plus conflictuelles, exprimant une forme de « besoin de limites » et la nécessité de « régler les confins » (Fines regere, historiquement l’apanage princier). Orient, Afrique, Chine, Russie, Union européenne : le panorama proposé par le théoricien et praticien de la géopolitique frontalière est à la fois large et précis, martelant le danger d’une trop forte indécision en matière de limites (« un monde sans frontières est un monde barbare »), source d’instabilité et de défaillance des États. En définitive, ce court essai en vient à réinterroger ce que constitue une frontière, à savoir une institution issue de conflits et de traités, de négociations et de décisions, permettant à un État de maintenir sa souveraineté sur son territoire.
Michel Foucher, coll. « Débats », CNRS éditions, 2020
64 pages, 6 euros