Clémence Collombet (Isabelle Huppert) est maire d’une ville de Seine-Saint-Denis dont on ne connaît pas le nom mais dont on connaît très bien les problèmes. Ce pourrait être Saint-Ouen, Saint-Denis, Bobigny ou Montreuil… qu’importe ; elle a son lot de quartiers en difficulté et de population paupérisée.
Épaulée par Yazid, son directeur de cabinet natif de la commune (Reda Kateb), l’édile veut terminer en beauté son deuxième et dernier mandat – Clémence s’est juré d’en rester là –, en remportant un combat de longue haleine : la rénovation de la cité des Bernardins. Dans cette barre insalubre gérée par un administrateur judiciaire couve la colère d’une amicale de copropriétaires désespérés de voir un jour leur habitat rénové.
Pour ajouter un peu plus à la misère, le paquebot de béton est la proie d’un marchand de sommeil qui rachète à vil prix les appartements pour y entasser des travailleurs immigrés dans des conditions inhumaines. Pour sauver la cité, Clémence veut faire inscrire sa rénovation dans un plan d’envergure porté par le Grand Paris, dont elle espère une enveloppe de 63 millions d’euros.
L’affaire semblait bien engagée jusqu’à ce que les copropriétaires excédés décident, après une inondation spectaculaire des parties communes, de ne plus payer leurs charges. Entre les habitants à cran, l’administrateur judiciaire qui facture 18 euros la moindre ampoule, les parasitages du logeur Thénardier et le président du Grand Paris qui refuse de plaider la cause des Bernardins si les charges ne sont pas réglées, la mairesse et son dircab vont devoir jouer au billard à trois bandes pour sauver la mise, jusqu’à tenter les coups les plus tordus. Parallèlement à ces contorsions, Clémence se retrouve sur la liste des ministrables à la faveur d’un prochain remaniement. Si elle sera finalement éconduite – avec bien peu d’élégance –, la perspective fugace d’un plus grand destin politique va ranimer la flamme de ses ambitions locales, au grand dam de son parti politique qui avait déjà organisé sa succession.
En fine chronique du pragmatisme politique à la française, dans la veine du remarquable L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller (2011), Les Promesses évoque sans effets de manche celles que l’on tient, celles que l’on trahit et surtout celles qui n’engagent que ceux qui y croient. Rodolphe Casso
Thomas Kruithof, Wild Bunch Distribution
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