Raphaël Chatelain, avec Olivier Lemaire
Imagissime (Mediawan) et Féroé
Disponible sur France TV
En 2019, le collectif d’artistes (La)Horde reprend les rênes du Ballet national de Marseille et connaît un engouement retentissant au-delà du microcosme de la danse contemporaine grâce à leur première pièce Room with a View.
La série documentaire suit le quotidien de neuf danseurs, Isaïa, Jonatan, Elena, Alida, Izzak, Amy, Joao, Myrto et Nathan installés depuis quatre ans dans la cité phocéenne. Dans la continuité de Pina Bausch, figure emblématique du mouvement contemporain qui avait à cœur de faire dialoguer tous les corps en opposition avec le puritanisme de la danse classique, (La)Horde revendique la diversité de ses danseurs.
Ce groupe de professionnels, dont l’unité se poursuit en dehors de la scène, met en avant son identité queer et brouille volontairement la dichotomie féminin/masculin en proposant des chorégraphies impétueuses. « Quand je danse, j’ai l’impression de pouvoir devenir un monstre ou même un alien », déclare Elena. À la scène comme à la ville, ces jeunes propagent leur liberté dans les rues marseillaises, leur terrain de jeu, de jour comme de nuit.
À travers ces neuf portraits, nous découvrons leur parcours singulier. Il y a Jonatan, un Danois venu de la danse classique, qui conte la découverte et l’acceptation de son homosexualité dans un milieu catholique et son ultime libération grâce à la communauté qu’il forme avec (La)Horde ; Elena, qui se sert de la danse pour s’arracher aux injonctions corporelles ; ou encore Nathan, pour qui danser Room with a View fut une révélation… Tous entretiennent une relation fusionnelle, chacun constitue un élément indispensable de la troupe. Ainsi, lorsque Isaïa, jeune recrue dont la carrière est intimement chevillée à (La)Horde, est débauché pour devenir l’un des danseurs de Madonna, une question se pose : l’harmonie peut-elle subsister si l’un des maillons saute ?
Sur fond marin et sablonneux, les membres cherchent à maintenir leur entente et leur irrévérence, dans la danse, la fête, le travail et l’amitié. Au gré de leurs recherches chorégraphiques, leurs liens se resserrent encore et ils nous offrent un portrait à la fois enchanteur et déroutant : une horde inséparable, insolente et fascinante, qu’on n’aimerait pas forcément croiser en discothèque, au risque qu’elle ne devienne meute et morde ceux qui oseraient s’approcher de ce collectif athlétique et déterminé, frôlant parfois la naïveté.
Maider Darricau