Maison Gainsbourg
Il est troublant que la Maison Gainsbourg ouvre si peu de temps après le décès de Jane Birkin (le 16 juillet dernier), qui y vécut pendant toute la décennie 1970. Son fantôme planera désormais aux côtés de celui de Serge dans ce lieu mythique qui abritait leur idylle tumultueuse.
Le 5 bis, rue de Verneuil, maison du 7e arrondissement dont Gainsbourg fit l’acquisition en 1967, est l’une des plus célèbres de Paris depuis le jour où, à la mort de son propriétaire, le 2 mars 1991, les caméras ont immortalisé ses murs extérieurs criblés de dessins, de tags et de mots d’amour de fans à la gloire de l’auteur-compositeur-interprète.
Depuis, le bâtiment, resté bariolé à l’extérieur et intouché à l’intérieur, à la demande de sa fille Charlotte, est devenu un lieu de pèlerinage, au même titre que la tombe de Jim Morrison au cimetière du Père-Lachaise ou la flamme de Lady Di, près du tunnel de l’Alma.
Aux dimensions modestes, ce petit « hôtel particulier », comme l’appelait son propriétaire, était à la fois lieu de vie familiale et de création. Cette Maison Gainsbourg, nous la connaissons en photos, en reportages, en documentaires et, même en fiction, puisque Joann Sfar l’a reconstituée pour les besoins de son film Gainsbourg (vie héroïque), sorti en 2010.
Outre sa façade, donc, on connaît la cour (où trône la fameuse statue de Claude Lalanne, L’Homme à la tête de chou, présente sur la pochette de l’album du même nom) et son intérieur meublé de noir, parsemé de sombres bibelots.
Depuis le 20 septembre, le 5 bis, rue de Verneuil est enfin ouvert au public. Cependant, étant donné l’exiguïté des lieux, la visite du domicile du chanteur n’excédera pas 30 minutes. Autant prévenir : il faudra vous lever tôt pour obtenir une place, tous les créneaux étant épuisés jusqu’à fin 2023…
Sur le trottoir d’en face, au numéro 14, se tient désormais un musée qui prolonge la visite en un parcours autour de 450 œuvres, agrémenté d’une expérience multimédia de 50 minutes. Après de nombreuses hésitations, dues à la complexité des lieux et du quartier, et un projet de Jean Nouvel abandonné, la transformation du domicile de Gainsbourg en musée est donc chose faite, par la volonté de Charlotte Gainsbourg qui souhaitait que, désormais, le lieu soit « vraiment ancré dans le patrimoine parisien ». Dont acte.
Rodolphe Casso
5 bis et 14, rue de Verneuil, 75007 Paris
www.maisongainsbourg.fr