Métamorphoses. Manifeste pour une éducation à la mobilité durable et inclusive
Gérard Hernja et Vincent Kaufmann
(Elya Éditions, 2022, 144 pages, 16 euros)
En 2018, une personne sur quatre déclarait être contrainte dans sa mobilité, selon une étude ELABE-LMI. Définie comme « un processus de changement caractérisant les comportements ou les trajectoires d’individus ou de groupes sociaux », la mobilité est source d’inégalités plurielles. Inégalités d’accès aux transports et aux services pour les zones rurales et périurbaines, inégalités économiques en fonction de la part du budget qui lui est consacrée. Elles sont aussi numériques, générationnelles et cognitives.
Ainsi, elles provoquent des fractures sociales et professionnelles qui ne cesseront de s’accroître, à la mesure de la crise sociale et écologique. Pour le Laboratoire de la mobilité inclusive (LMI), la transition écologique ne se fera pas sans inclusion. En ce sens, l’éducation joue un rôle central dans la mise en œuvre d’une mobilité durable et inclusive. Une mission confiée à Gérard Hernja et Vincent Kaufmann pour la rédaction de ce manifeste. Les auteurs en sont convaincus, pour conjuguer durabilité et inclusivité, il faudra imposer une vision de rupture. Comment parvenir à ce modèle éducatif ? En développant une sensibilisation culturelle et comportementale à la mobilité, tout en ayant un regard critique sur la société. Le géographe Tim Cresswell écrivait en 2006 : « La mobilité, est à la fois le sang vital de la modernité et le virus qui menace de la détruire. »
Plutôt que d’intérioriser les préceptes actuels, il est essentiel de les déconstruire pour en façonner de nouveaux, affirment Hernja et Kaufmann. Une éducation qui ne se limite d’ailleurs pas à la période d’apprentissage classique que nous relions à la scolarité, mais est continue tout au long de l’existence. Elle s’appuie sur deux principes fondamentaux mis en avant par le chercheur en sciences de l’éducation Philippe Meirieu : l’éducabilité et la liberté. L’éducation n’est pas un « dressage », mais est « désirée et acceptée ».
Les auteurs présentent ainsi les grandes étapes de la construction de ce projet. Entre autres, combattre l’idée que la solution technique de dernière minute nous sauvera, et éradiquer la difficulté à imaginer un partage des efforts. Un manifeste dont on appréciera la clarté et la pédagogie, tout comme le réalisme des outils proposés.
Maider Darricau