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Un film d’Alice Diop
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Inspirée par l’ouvrage Les Passagers du Roissy-Express de François Maspero (1990), Alice Diop est allée à la rencontre de celles et ceux qui vivent le long du RER B, ce chemin de fer traversant l’Ile-de-France du nord-est au sud-ouest. Primé au Festival de Berlin 2021 (Grand Prix de la section « Encounters »), le film dessine en creux le portrait d’un territoire aux décors aussi dissemblables que les destins qui le traversent : du garagiste sans-papiers œuvrant au milieu des autos éventrées à un chasseur observant des biches à la jumelle avec son petit-fils, des catholiques endimanchés pleurant à l’église la mort de Louis XVI à un veuf de 62 ans souffrant de solitude dans son modeste pavillon, des jeunes filles échangeant des ragots au pied d’une barre d’immeuble à de jeunes hommes partageant une chicha sur un gazon ensoleillé… C’est toute la multitude du peuple français que donne à voir la cinéaste en l’encapsulant dans ce Nous fort républicain.

Née à Aulnay-sous-Bois, Alice Diop montre aussi sa famille. Tout d’abord sa mère, femme de ménage, disparue trop tôt, dont il ne reste que quelques images tirées d’une vieille VHS familiale. A priori anodine, cette cassette a pourtant servi de déclencheur à la réalisatrice : « C’est grâce à elle que je fais des films aujourd’hui. »
Ensuite son père, qui a quitté Dakar pour la France en 1966 et n’a depuis « jamais chômé ». Un choix dont il tire pudiquement « un bilan positif ». Enfin sa sœur, une infirmière libérale qu’elle suit lors de ses visites de personnes âgées, fragiles et souvent seules.

Cette succession de portraits hétérogènes, croqués de manière inégale, ne méritait peut-être pas les deux bonnes heures que dure le documentaire même si, après tout, c’est bien le temps qu’il faut pour parcourir toute la ligne B, de l’aéroport Charlesde- Gaulle à Saint-Rémy-lès-Chevreuse. De son propre aveu,

Diop filme la banlieue « de façon obsessionnelle », dans le but de « garder une trace », de « conserver l’existence des petites vies ». L’écrivain corrézien Pierre Bergounioux, qui fait partie de sa touchante galerie de personnages, résume ainsi la démarche de la cinéaste : « On arrache à l’ombre des gens qui avaient vécu sans trace d’eux-mêmes aux pages des livres. » Voilà pourquoi la caméra d’Alice Diop se pose là où le RER passe son chemin avec une indolence pachydermique. Et pourtant, c’est bien son tracé qui, d’un bout à l’autre de la ligne, fait société.

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