Petit manuel pour une géographie de combat
Plus qu’un manuel, ce petit livre est un essai « bien senti » sur les dimensions territoriales et environnementales du capitalisme mondialisé. Sans prétention scientifique, il est cependant bien référencé (Fernand Braudel, Lewis Mumford, David Harvey, Saskia Sassen, Alain Bihr…) et offre des synthèses accessibles sur les logiques spatiales de la dynamique de la globalisation financière et de ses effets socio-économiques à la fois au niveau international et local.
S’inscrivant dans une démarche d’histoire globale et de géographie économique (sous l’influence de Paul Krugman et d’Immanuel Wallerstein), Renaud Duterme, qui enseigne dans un lycée en Belgique et collabore au CADTM (Comité pour l’abolition des dettes illégitimes), propose des chapitres incisifs et engagés sur « la mise en concurrence des territoires », l’effet de la mondialisation sur les migrations économiques et « le retour des frontières », ainsi que sur l’urgence écologique liée à la destruction des écosystèmes, du fait des « externalités spatiales » de la dynamique capitaliste.
Le grand intérêt de la démarche de Renaud Duterme est de mettre en lumière les origines spatiales de notre modèle de développement économique, en démontrant que par l’essor du libre-échange et des premières formes d’économie-monde, la géographie des centres et des périphéries a fait du contrôle des espaces une source considérable de profit. Suivant cette logique, l’urbanisation galopante, la métropolisation et la surproduction ont entraîné une consommation foncière problématique pour l’environnement et pour une planète devenue plus que jamais un espace limité.
Ce court manuel conclut cette fresque par un appel au regard géographique, outil décisif pour remettre l’économie à sa place et placer au premier plan la lutte contre les inégalités territoriales et la préservation de l’environnement. Damien Augias
Renaud Duterme, La Découverte, 2020
208 pages, 14 euros