Petite histoire de la librairie française
Les récentes péripéties des confinements ont mis à l’agenda la question des commerces dits « essentiels », dont l’appellation a été justement ressentie comme cruelle par ceux qui ne l’étaient pas. Or, depuis février 2021, les librairies, repères bien connus des citadins de « cœur de villes » mais pas seulement d’eux, sont considérées comme essentiels, ce qui leur a valu de ne pas fermer leurs portes lors du dernier confinement du printemps 2021.
Est-ce à dire que ces lieux qui font commerce des œuvres de l’esprit (et de l’imaginaire) doivent être considérés comme singuliers ? Sans aucun doute et c’est précisément pour retracer leur généalogie que l’universitaire Patricia Sorel propose une convaincante Petite histoire de la librairie française, qui se lit… comme un roman qu’on peut y trouver dans leurs rayonnages !
Remontant à l’Ancien Régime mais plus largement centrée sur les XIXe et XXe siècles, cette fresque en cinq chapitres montre bien l’évolution d’une boutique artisanale et traditionnelle – à l’image des imprimeries avec lesquelles elle travaille – à la modernisation à marche forcée d’une profession soumise à une rude concurrence des grands distributeurs, bien que relevant depuis quarante ans du régime du prix unique (loi dite Lang de 1981).
Plusieurs fois appelées à disparaître – selon l’exemple des disquaires –, au même titre que le livre lui-même, les libraires restent des phares importants de l’accès à la culture, quelles que soient les localités, au gré des innovations techniques, des bouleversements sociaux, générationnels et économiques. À n’en pas douter, cette (saine) lecture vous sera recommandée par votre libraire préféré ! Damien Augias
Patricia Sorel, La Fabrique, 2021
248 pages, 15 euros