Portraits fantômes

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Portraits fantômes

Kleber Mendonça Filho
Urban Distribution

Dans ce documentaire-essai, le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho se plonge dans les archives publiques et personnelles – dont il tire 60 % du film – de sa ville natale, Recife. La capitale de l’État du Pernambouc, à l’est du Brésil, a subi de grandes transformations depuis son enfance, victime de la spéculation immobilière.

« Les villes changent d’une manière qui évoque parfois Cronenberg. Elles deviennent autre chose, ce qui n’est pas naturel », racontait le réalisateur, en mai dernier, à la chaîne de télévision Arte. Des gratte-ciel sans âme ont remplacé les maisonnettes au bord de l’océan. Du centre-ville de Recife ne restent aujourd’hui que quelques bâtisses abandonnées.

Critique et programmateur de cinéma, Mendonça Filho devient connu du grand public avec son premier long métrage en 2012, Les Bruits de Recife. C’est sur ses lieux de tournage favoris qu’il nous transporte, à la recherche de la ferveur d’antan. Il y a d’abord l’appartement familial acheté par sa mère à la suite du divorce avec son père, Kleber.

Dès son adolescence, il filme avec sa caméra Super 8 ses amis, y invente ses premiers scénarios d’horreur, capte les bruits alentour, notamment de ce chien qu’il crut ressuscité une nuit… l’un de ses films était diffusé à la télévision dans le voisinage. Dans cet appartement transformé au fil des décennies, il tournera entre dix et treize œuvres. « Notre cuisine et notre salon filmés en 35 mm Techniscope avaient un aspect un peu différent, mais ils restaient les endroits où je passais une bonne partie de ma vie. »

Le réalisateur nous embarque ensuite dans ces « lieux de rêves et d’industrie » qui ont nourri son imagination, ces cinémas sociaux et quasi mystiques pratiquement tous rasés ou vendus. Mendonça Filho rallume leurs projecteurs et fait revivre ses fantômes du passé, à l’instar d’Alexandre Moura, projectionniste pendant plus de quarante ans d’un cinéma qui fut, tour à tour, un lieu de propagande nazie pendant la guerre, puis épicentre de la diffusion des arts et essais commentés en pleine séance par la radio locale.

Mendonça Filho raconte la naissance d’une passion et ses inspirations. Il prête d’ailleurs sa voix à la narration, dont on appréciera l’humour jusqu’à la scène finale, s’amusant malgré lui d’un Brésil contemporain ultrasécurisé.

Maider Darricau

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