Redirection urbaine. Enquête dans la fabrique des territoires résilients
Sylvain Grisot
(Éditions Apogée, 2023, 240 pages, 20 euros)
Sylvain Grisot est un conteur, une qualité devenue suprême à l’ère des récits, qui exige que l’essentiel des énergies et des moyens soit consacré à la production et à la promotion des contenus plutôt qu’à la recherche des tendances, idées et réalisations inédites pour les diffuser et les mettre en débat.
Telle est pourtant bien la promesse de Redirection urbaine : fournir des exemples et témoignages originaux et innovants qui constitueraient autant de « pistes pour mener la redirection de leur organisation et de leur territoire ». Las ! rien d’original ni dans l’approche ni dans le contenu : toujours les mêmes concepts et les mêmes exemples, dans un ensemble qui constitue une sorte de medley des discours dominants, eux-mêmes polis par la paresse de ceux qui les diffusent.
Une sorte de sélection du Reader’s Digest pour la bourgeoisie éclairée, qui va se révéler sans aucun doute très utile auprès de certains – élus, fonctionnaires ou autres – à la recherche d’un bon panorama général sur les questions de la transition environnementale, territoriale et urbaine. Et qui va donc connaître, à ce titre, un succès certain en librairie. Mais s’il n’est pas question de contester l’utilité de cet ouvrage, il semble nécessaire de le resituer dans son objet et ses qualités réelles et non prétendues.
Parmi les professionnels de l’urbanisme de très nombreux chercheurs et « cherchants » proposent, loin de la doxa et des canaux officiels, des retours d’expérience, des concepts et des méthodes proprement originales et inspirantes, parfois radicales, en tout cas novatrices, qu’il est vital de diffuser pour éviter qu’au même titre que le Manifeste pour un urbanisme circulaire (Éditions Apogée, 2021) a pu prêter à penser que la profession tournait en rond, Redirection urbaine laisse croire qu’elle est désormais engagée dans une impasse.
À la revue Urbanisme, nous tentons de diffuser ces travaux qui sont souvent des signaux faibles, et nous pensons qu’il est urgent qu’un Pierre Vidal-Naquet émerge dans notre domaine. Qui compte déjà son Pierre Bellemare.
Julien Meyrignac